Olmert sort de l'ombre de Sharon
Ehud Olmert sort définitivement de l'ombre d'Ariel Sharon
par Dan Williams
Sous d'imposants portraits d'Ariel Sharon, les projecteurs se braquent sur Ehud Olmert et, aux cris d'"Ehud, roi d'Israël", les partisans de Kadima couronnent leur nouveau chef après la victoire du parti centriste aux élections législatives israéliennes mardi.
A 60 ans, le probable futur Premier ministre se retrouve seul en pleine lumière pour mener à terme le projet lancé par son charismatique prédécesseur : fixer les frontières définitives de l'Etat juif.
Longtemps gouvernés par la génération des "pères fondateurs" et d'anciens généraux médaillés lors des guerres successives de la courte histoire de leur pays, les Israéliens remettent à un homme pragmatique, élu député avant d'avoir 30 ans, et dépourvu de toute expérience militaire leur espoir de mettre enfin un terme au conflit avec les Palestiniens.
Olmert a déjà surpris ses partisans comme ses adversaires depuis que l'hémorragie cérébrale ayant plongé Sharon dans le coma, le 4 janvier, l'a sorti de l'ombre de son mentor. Il s'est non seulement glissé sans difficulté dans la peau d'un chef de gouvernement, mais il a également assis son autorité sur Kadima et préservé l'unité de ce parti créé par et pour Sharon.
Issu d'un milieu rural, pauvre, ultranationaliste et cultivé, Olmert a effectué son service militaire en tant que journaliste de guerre, loin du front, en raison de problèmes de santé.
Après de courtes études, il est élu à la Knesset en 1973. Il est alors âgé de 28 ans et se lance parallèlement dans une lucrative carrière juridique, où ses qualités lui permettent de surmonter rapidement les doutes initiaux de ses pairs.
Au parlement, il se singularise en ferraillant sur les questions de justice sociale. Mais l'essor politique de cet élu né en 1945 à Binyamina, au sud de Haïfa, débute une décennie plus tard, sous la protection d'Yitzhak Shamir, chef de file du Likoud.
ÉCLAIREUR
Entre 1988 et 1992, le Premier ministre en fait son ministre de la Santé, puis des Affaires arabes alors que la conférence de Madrid s'apprête à ouvrir fin 1991 un nouveau cycle au Proche-Orient.
S'exprimant avec aisance en anglais, Olmert devient à l'étranger un porte-parole privilégié du Likoud, exposant avec modération les positions radicales de Shamir. Après s'être positionné clairement à droite, il se démarque progressivement de ses collègues en soutenant l'idée d'une autonomie palestinienne.
En novembre 1993, il déboulonne Teddy Kolleck de la mairie de Jérusalem en insistant sur l'âge, 82 ans, de son adversaire. Jérusalem, affirme-t-il dans les minutes suivant la proclamation de sa victoire, ne fera jamais partie d'un Etat palestinien.
Quelques mois plus tard, il se dit prêt à rassembler un million de personnes dans la ville sainte pour faire obstacle au projet de visite de Yasser Arafat. Le chef de l'OLP y renonce finalement. Et Olmert d'affirmer: "Je n'ai pas été élu pour ne m'occuper que des questions d'hygiène publique."
A sa réélection en 1998, favorisée par le ralliement des ultra-orthodoxes, les observateurs lui prêtent des ambitions nationales. L'année suivante, il se présente en effet à la présidence du Likoud. Mais Sharon le devance, avant de se défaire du travailliste Ehud Barak aux élections de 2001.
En 2003, il rejoint le "bulldozer", dont il devient le vice-Premier ministre et "l'éclaireur", lâchant des ballons d'essai dans les médias pour tester la popularité de certaines idées.
Il est ainsi le premier à esquisser un éventuel retrait de la bande de Gaza, évoquant fin 2003 dans le Yedioth Ahronoth "une initiative unilatérale d'envergure" pour délimiter les frontières d'Israël. Il ne ménage pas ses efforts pour soutenir Sharon lorsque l'ancien général annonce son plan de démantèlement des colonies de Gaza, qu'il mène à bien en moins de 20 mois, contre l'avis d'une frange importante du Likoud.
Olmert a illustré une nouvelle fois sa loyauté envers Sharon à la fin de l'an dernier en le suivant dans l'aventure Kadima (En avant, en hébreu).
Il lui revient désormais de poursuivre seul la vaste ambition nourrie avec Sharon.
Sources : LA TRIBUNE
Posté par Adriana Evangelizt