L'affaire du soldat israélien

Publié le par Adriana Evangelizt

L'affaire du soldat israélien : « du bon usage de l'indignation »

par Aziz Hilal



La moutarde ne cesse depuis quelque temps de me monter au nez. Le sentiment de ne plus pouvoir se taire, quelque chose dans le genre « trop c'est trop ». Il est vrai que le calvaire des Palestiniens dure depuis longtemps, mais il est vrai aussi qu'il empire et qu'il s'opère au moment où une France, une Europe et un monde arabe pensent avoir d'autres chats à . caresser : la coupe du monde en Allemagne.

Quel mutisme ! Quelle indifférence ! Quelle complicité !

C'est légitime de fêter la victoire de la France au Mondial, mais ne plus parler que de cela sert aussi, nolens, volens,  à faire écran. Car au moment où on éclaire les champs Elysée pour célébrer l'exploit de Zidane et ses coéquipiers, l'armée israélienne d'occupation bombarde les installations électriques de Gaza, plongeant ainsi ses habitants dans le noir absolu. Comme si occuper une terre, affamer son peuple et l'emmurer ne suffisaient pas. Tout cela pour punir les Gazaouis de l'enlèvement par des résistants palestiniens d'un soldat franco-israélien et pour préparer une offensive permettant sa « libération ».

De qui s'agit-il en effet ? Et pourquoi l'affaire de ce soldat est devenue une affaire de tous ces Etats qui réclament sa libération sans condition ? S'agit-il d'un enfant innocent qui n'arrivait pas à retrouver la maison de ses parents ? S'agit-il d'un touriste désireux de faire connaissance avec le peuple palestinien ? S'agit-il d'un humanitaire soucieux de la situation de misère à laquelle ce peuple a été réduit ? S'agit-il. ????

Non. Ceux qui exigent la libération de ce soldat omettent de dire qu'il était dans un char israélien et que ce char, comme tant d'autres, se préparait à attaquer la ville de Rafah pour tuer. Oui pour tuer des innocents comme cela a été le cas avec la famille massacrée sur la plage de Gaza. Il est criminel, dans la France et dans l'Europe qui se scandalisent de l'enlèvement d'un soldat d'occupation, que l'on reste indifférent aux meurtres commis contre une famille qui essayaient de « subtiliser » un moment de paix sur une plage. Tout comme il est criminel de se contenter d'y voir des « bavures » militaires. Il est encore plus criminel de participer à ce « festin raciste » qui consiste à affamer tout un peuple sous prétexte que son gouvernement ne reconnaît pas Israël alors qu'Israël a du mal à se reconnaître lui-même puisqu'il n'a jamais fixé ses frontières. C'est cette hypocrisie, plus que toute autre chose, qui constitue le véritable scandale.

Revenons à leur soldat.

Israël menace d'enlever la moitié du gouvernement palestinien et de réoccuper Gaza si les résistants palestiniens ne le libèrent pas.

Enlever la moitié du gouvernement palestinien. comme s'il manquait à Israël six ou sept ministres pour arrondir le chiffre de ses prisonniers palestiniens. En tout cas un tel enlèvement constituera un précédent, et on aimerait bien voir en ce moment-là les réactions internationales.

Quant à la réoccupation, le mot fait sourire plus qu'autre chose. Qu'est-ce que les Gazaouis perdront-ils si les Israéliens réoccupent Gaza ? Cela fait belle lurette qu'ils affrontent la famine et la misère à cause, entre autres, des salaires non versés. Cela fait bien longtemps qu'ils affrontent les affres du chômage à cause de la fermeture des check point devant leurs productions agricoles et leurs ouvriers, sans parler bien sûr des assassinats et des opérations israéliens.

Que l'on dise les choses clairement : Une réoccupation remettra les choses à leur juste place. Elle mettra fin, comme le dit le directeur du journal londonien Al-Quds al-Arabi, à ce mensonge appelé autorité palestinienne qui a trompé les Palestiniens et le monde entier. Elle donne en effet l'impression qu'il y a vraiment un Etat palestinien, avec un président, un gouvernement et des ministre alors qu'il s'agit en réalité d'une occupation qui a transformé Gaza en une grande prison pour plus d'un million de Palestiniens.

Il convient de signaler que le peuple palestinien s'est petit à petit habitué à la famine, commence à oublier la question des salaires et digère de plus en plus l'état de siège qu'on lui impose. C'est dur à le dire, c'est encore dire à le constater, mais telle est la situation. Cela veut dire que le boycott pratiqué à l'endroit du gouvernement palestinien commence à produire un processus contraire à celui qui a été escompté : au lieu de combattre le gouvernement de Hamas et de consolidé l'autorité de Mahmoud Abbas, les Palestiniens montrent de plus en plus de soutien à ce gouvernement.

Olmert continuera ses menaces, mais il sait que cette fois, le résistant palestinien  gère la crise de manière complètement différente par rapport au passé. Les familles des prisonniers sont de plus en plus mobilisées et demandent dans leurs manifestations de ne pas libérer le soldat israélien sauf si Israël libère leurs proches.

Ce soldat est israélien, mais il est aussi français. C'est parce qu'il est français que le ministre français des affaires étrangères (à lui) intervient pour exiger sa libération. S'est-il posé la question que tout citoyen français doit se poser : un citoyen français peut-il servir dans une armée d'occupation ?

Sources : Aloufok

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans OCCUPATION

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article