Réfugiés dans leur propre pays

Publié le par Adriana Evangelizt

Et oui, les Libanais sont des réfugiés dans leur propre pays, comme les Palestiniens. Voilà les bonnes oeuvres du sionisme et de leurs séides.  Une cruauté sans bornes digne du Führer et de ses acolytes. Le plaisir de faire souffrir encore et toujours tous ceux qui ne se plient pas à leurs diktats. Les sionistes sont des inhumains qui engendrent malheur et haine et qui passent leur temps à se faire passer pour des victimes. Tout en faisant porter le lourd fardeau de la honte et du déshonneur sur toute la communauté judaïque non sioniste bien évidemment. Intolérable !

Liban. La population libanaise est prise en otage. Les bombardements et le blocus israéliens ont fait des milliers de déplacés, faisant rappeler les cauchemars de la guerre civile. Reportage.

Réfugiés dans leur propre pays

par Fathi Mahmoud

 

« Nous sommes revenus 30 ans en arrière ». C’est la phrase que ne cessent de répéter la majorité des Beyrouthins. Explosions, bruits des avions sillonnant le ciel et éclairs de la DCA, tout ceci contribue à les faire vivre dans un état de panique qui se renouvelle à chaque attaque. Les rues se sont presque vidées de leurs véhicules. Il n’y a presque plus de bus, leur circulation ayant été interdite. Il devient presque impossible de se déplacer d’un quartier à l’autre. Il faut compter sur le hasard pour voir passer un taxi. Toutes les institutions privées ont fermé leurs portes, les universités idem, les marchés, les cafés sont désertés et un grand nombre d’entre eux ont préféré fermer. Seuls les stations d’essence, les boulangeries et les grands magasins ont témoigné d’une affluence craintive. En fait, les gens s’attendent au pire, à la pénurie, après les bombardements successifs des ports et des aéroports, ce qui implique que le blocus va durer longtemps. Tout le monde s’est empressé d’acheter le maximum de boîtes de conserve, de farine, de pain, et de riz, ainsi que des bouteilles de gaz et des sacs de bougies, pour parer à ce qui peut advenir dans les prochains jours.

Les bruits des générateurs électriques résonnent dans les quartiers investis par les voitures. Ceux qui ne sont jamais abonnés à ces installations se sont empressés de le faire. D’autres ont acheté des générateurs avec la quantité nécessaire de mazout. Même crise pour le téléphone. Ce moyen de communication s’est trouvé souvent inopérant avec le bombardement d’un central de cellulaires. Une crise d’autant plus grave qu’on est en saison de vacances. De nombreux Beyrouthins sont partis au bord de la mer ou dans leurs villages. Dans une même famille, il y a ceux qui sont partis un peu partout dans la Bekaa, le nord et le sud et ceux qui, retenus pour leur travail, sont restés dans la capitale. Parfois, ce sont des enfants qui demeurent seuls. Certaines familles ont préféré se déplacer et gagner des zones plus sûres comme le Kessrouane Jebeil et autres. Les bombardements israéliens sauvages n’ont pas seulement détruit les ponts, les routes et l’infrastructure, ils ont aussi provoqué une crise humanitaire avec des dizaines de milliers de familles des régions prises pour cibles, notamment la banlieue sud de Beyrouth, et le Sud-Liban, ayant fui leurs foyers.

Ces personnes sont parties par des routes de fortune, des chemins escarpés pour chercher refuge dans les écoles de la capitale et notamment ceux de Ras Beyrouth, la plus éloignée des zones prises pour cibles par les avions et les destroyers israéliens. Le problème est que le nombre de déplacés est bien au-dessus des possibilités de ces établissements. De plus, les autorités sont tout à fait absentes. Il n’y a aucune forme d’aide officielle ou semi-officielle pour ces réfugiés.

Les chemins de l’infortune

Dans une école secondaire de la région de Raml Al-Zairf, quelque 500 personnes se sont réunies, en majorité des femmes et des enfants. L’établissement est privé d’eau potable en dépit des promesses de la défense civile. Hassan Zeitoun, activiste du Parti communiste qui présente les aides avec d’autres volontaires de l’Union de la jeunesse démocratique, souligne que « des militaires viennent s’enquérir des besoins des déplacés, s’en vont, mais ne reviennent pas pour apporter la nourriture, les médicaments, les couvertures, le lait pour enfants et surtout l’eau potable ». Une activiste de l’Union de la jeunesse s’insurge : « Ces officiers sont sérieux dans leurs questions, précis dans leurs demandes concernant les chiffres. Ils sont très pointilleux sur le nombre de malades exigeant certains médicaments, sur le nombre de lits exigés. Mais ils obtiennent les informations puis s’en vont. Il semble qu’il faudrait qu’on s’y habitue ». De toute façon, il n’y a dans cette école que 150 matelas pneumatiques, sur lesquels se couchent les enfants. Les parents, eux, dorment sur les bancs.

Abou-Ali du quartier Al-Selm, l’un des plus pauvres, fait contre mauvaise fortune bon cœur : « Nous revoici sur les bancs de l’école que nous avons quittée de plein gré dans notre enfance ». Sa femme sourit et montre une couverture envoyée par le ministère des Affaires sociales. Inutilisable en fait. Cinq familles sont dans une pièce. Pas beaucoup peut-être en temps de guerre. Mais nombreux d’entre eux n’ont pas mangé depuis plusieurs jours. Un vieillard se plaint : « Un ministre est passé par là. On lui a expliqué qu’on n’avait rien mangé depuis qu’on a quitté nos villages. Le responsable a promis d’exaucer nos demandes. Mais voici sept heures qu’il est parti sans que l’on ne reçoive le moindre aliment ». Seul le groupe d’activistes vient apporter des aides. Une femme de famille moyenne dit timidement « qu’elle n’a ni vêtement, ni argent. J’ai honte. J’ai l’air de mendier quand je demande l’aide de ceux qui sont censés l’accorder ». A ses côtés, une boîte de lait donnée par une voisine.

Certaines personnes plus fortunées que les autres ont loué des chambres au quartier Al-Hamra et autres zones au centre de Beyrouth. Les appartements meublés et les petits hôtels sont tous complets. Une chambre pour 5 ou 6 personnes est occupée à présent par une quinzaine. En revanche, les grands hôtels connaissent peu d’affluence. Selon le président de l’Union des syndicats du tourisme, les propriétaires des meublés et des motels ont pu compenser le départ des étrangers. Il est vrai qu’ils ont honte de parler de « compensation » dans ce contexte tragique que vit le Liban. Al-Achkar souligne à cet égard qu’ils vont proposer des prix modérés aux déplacés. A Al-Hamra, les pensions et petits hôtels ont accueilli une centaine de familles de la banlieue sud. Le gérant d’un des hôtels, Ziyad Farhat, regrette de n’avoir pu accueillir des déplacés, son hôtel étant archiplein. Par contre, le motel de Saad Eddine Chehab a accueilli une famille de huit personnes, qui a loué deux chambres au prix de 300 dollars par mois. Le chef de cette famille, Hussein, s’est échappé avec le plus simple bagage de la rue Sfeirr de la banlieue sud. « On n’a même pas de vêtements pour deux jours. Nous avons acheté des assiettes et des cuillères, parce qu’on ne peut rentrer chez nous et les apporter ». Sa femme Ilhame craint l’avenir. « Nous ne pourrons rester ici plus d’un mois. Nous souhaitons que se terminent les agressions israéliennes pour que nous puissions rentrer chez nous sains et saufs ».

Rêver du lendemain

A Ras Beyrouth et plus précisément au centre Heykal pour appartements meublés. C’est la même scène. Pas de place. Un directeur, Youssef Ayad, affirme que son établissement a reçu 10 familles de la banlieue sud particulièrement ciblée, c’est-à-dire entre 60 et 70 personnes. Les appartements sont loués à moitié prix pour 3 ou 4 jours en attendant que la situation s’éclaircisse. Mais certains déplacés mettent en doute que des réductions ont été faites. Youssef affirme qu’il a loué deux chambres pour 760 dollars par mois. Ouvrier travaillant dans un atelier de réparation de téléviseurs près de l’hôtel Bristol et possédant une maison sur la route de l’aéroport, il a les moyens de subsister, mais pas pour longtemps. Lorsqu’on lui a demandé d’où il a eu l’argent pour payer, il a dit : « Mon frère en Arabie saoudite m’a envoyé de l’argent ». Un autre déplacé, Mohamad, du quartier Al-Selm, affirme qu’ils sont 15 dans une même chambre. « Ce n’est pas le moment de parler de confort. Le directeur de l’hôtel nous a promis de réduire le coût quotidien. Nous pourrons supporter, mais pas plus d’un mois encore. Sinon nous allons nous réfugier dans une école ».

Autre drame : la famille de Fahd Salama composée de 20 personnes est logée dans une seule chambre. Elles gardent le moral cependant. Si ces gens ont quitté leur maison, c’est à cause des enfants afin de les mettre à l’écart des bombardements. Mais tout le pécule qu’ils ont ne leur suffira paplus d’une semaine. « Que Dieu nous aide ensuite et qu’on puisse trouver du travail ». Le région du Chouf dans la montagne est une autre destination pour les déplacés fuyant les bombardements. Quelque 300 familles sont arrivées dans la région et se sont installées dans les écoles et dans certaines demeures. Un comité a été formé du Parti progressiste socialiste, de la direction scolaire et des habitants afin d’assurer des provisions d’eau et autres besoins aux déplacés. Certaines familles ont été accueillies par d’autres. De toute façon, le Centre des premiers soins a établi des hôpitaux mobiles dans les villages avec médecins, infirmiers et médicaments. A Al-Kharoub, le Parti socialiste progressiste et le « courant de l’avenir » ont formé des commissions de suivi dans les villages pour assurer des places pour les familles de réfugiés qui sont au nombre de 70. Des exemples de citoyens libanais que l’agression israélienne a transformés du jour au lendemain en déplacés dans leur propre pays. De propriétaires de maisons, ils sont logés par dizaines dans une pièce attendant une éclaircie qui tient du miracle.

Sources : Al Ahram

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans ISRAEL LIBAN

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