À propos de « Liban, bonnes à vendre » : Déformer n'est pas informer
Suite au commentaire de Marie-José Sarkis, nous posons un article en forme de "droit de réponse" car nous n'avons nullement l'intention de blâmer les Libanais dans leur généralité, il faut bien le savoir. D'autant que la France possède son lot d'esclaves venues souvent d'Afrique employées et martyrisées par des gens riches dont certains ont fait la Une des journaux. Déjà, le mot "bonne" pour désigner une employée de maison ne nous plaît pas. Ca signifie quoi "bonne" ? Ceci dit, Marie-José, nous avons posé un article qui n'est pas de nous et n'avons personnellement insulté personne.
À propos de « Liban, bonnes à vendre »
Déformer n’est pas informer
de Maria CHAKHTOURA
Auteur de Liban, bonnes à vendre, l’un des quatre reportages présentés dans l’émission Envoyé spécial diffusé sur FR 2 jeudi soir 18 octobre, la journaliste Dominique Torrès a voulu choquer, elle s’est révélée choquante. Choquante dans sa façon de conduire un reportage mené, délibérément à sens unique, versant dans la facilité. Choquante dans ses propos truffés de contre-vérités. Choquante dans son approche du sujet ne voyant que d’un seul œil un problème qui gagnerait à être abordé dans sa totalité.
Ce que Mme Torrès a montré est tout à fait exact concernant la maltraitance. Cela existe en effet dans certains cas au Liban comme dans d’autres pays. Mais le commentaire a souffert d’énormes lacunes et erreurs d’appréciation.
Notre but n’est pas de développer une liste exhaustive des contradictions et manquements relevés. Mais lorsque la journaliste avance des chiffres très fantaisistes, sans livrer ses sources, le téléspectateur sérieux reste dubitatif. Quid de toute cette partie de la population qu’elle n’évoque pas et qui ne répond nullement à la description donnée dans le reportage, tant du côté des employées que celui des employeurs ?
Dominique Torrès est allée au plus pressé pour faire sensation et servir une cause pour laquelle elle se bat, ce qui est tout à son honneur. Mais elle a sacrifié à la facilité, tombant dans l’excès contraire et condamnant, par conséquent, cette autre partie de la population libanaise respectueuse, elle, des droits comme des devoirs de l’employée et de l’employeur à la fois. Droits pour lesquels, indépendamment de Caritas qui accueille et soulage les « filles maltraitées », des groupes d’avocats, de médecins, d’assistantes sociales, de professeurs d’universités sont engagés à fond.
Dans la situation dramatique que vit le Liban, le moment était mal choisi pour enfoncer le clou avec un sujet présenté superficiellement, partiellement et avec un parti pris pour le moins pernicieux.
L’esclavage moderne ne se situe pas seulement à ce niveau et au Liban exclusivement. Pas besoin de faire des milliers de kilomètres pour le montrer du doigt. Il se pratique ô combien et sournoisement dans les pays dit civilisés aussi.
Alors, de grâce, informons, sans déformer.
Maria CHAKHTOURA
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L’Orient-Le Jour a reçu un nombre important de réactions dénonçant l’article, Bonnes à vendre, de Dominique Torrès, paru dans le quotidien français Le Monde du 10.10.07 puis repris par le reportage, jeudi soir, 18 octobre, dans le cadre de l’émission Envoyé spécial sur FR2. Nous ne reproduirons ci-dessous que la réaction à l’article Bonnes à vendre, qui circule sur Internet, sous forme de pétition et qui, jusqu’à ce jour a été signé par des centaines d’internautes. Cette pétition a été adressée à France 2, à l’AFP, et au Monde.
« Nous, un groupe de Libanais et Libanaises, nullement esclavagistes, avons été particulièrement attristés et déçus par l’article de Mme Torres intitulé “Bonnes à vendre” et par l’émission Envoyé spécial du jeudi 18 octobre. Nous avons trouvé que l’article était particulièrement subjectif et peut-être même volontairement dévalorisant.
II y a dans l’article beaucoup de généralisations et s’il existe certainement des cas de maltraitance et d’abus de différentes sortes, l’on ne saurait en aucun cas présenter la situation comme globale et systématique. La majorité silencieuse dont nous sommes un échantillon condamne fermement ces pratiques. Nous entretenons d’excellentes relations, basées sur le respect mutuel, avec notre personnel de maison et invitons Mme Torrès à venir les interviewer à n’importe quel moment et sans avertissement, pour compléter de manière équitable les informations de son article.
De plus, le titre de l’émission Liban, pays des esclaves est malveillant, nous paraît inutilement hostile et hors de proportion avec la réalité. C’est un problème qui existe et qu’il ne faut pas ignorer, mais qui se retrouve dans beaucoup de pays à travers le monde et le Liban n’en a ni l’apanage ni l’exclusivité. C’est comme si on titrait, en se basant sur les cas des violences conjugales en France, “La France pays des femmes battues”. »
Un groupe de Libanais et Libanaises non violents.
Sources Lorient le jour
Posté par Adriana Evangelizt