Ghaza sous blocus sanglant
Le bouclage total de la bande de Ghaza, imposé depuis jeudi soir par Israël, s’est traduit hier par l’aggravation de la pénurie de carburant et a suscité l’inquiétude des Nations unies.
L’armée d’occupation israélienne a parallèlement poursuivi ses opérations contre les groupes armés palestiniens responsables de ces tirs, tuant deux membres du mouvement islamiste Hamas, maître de Ghaza, dans un raid aérien à Jabaliya (nord). Depuis jeudi soir, l’approvisionnement en carburants, en produits alimentaires et en aide humanitaire est stoppé. Conséquence immédiate : de nombreuses stations d’essence n’avaient plus de carburant hier, nécessaire au fonctionnement des générateurs qui fournissent l’électricité lors des coupures de courant, huit heures par jour. Ghaza n’était en revanche pas menacée de crise alimentaire dans l’immédiat, l’ONU disposant de deux mois de réserves.
Israël « a fermé tous les points de passage, y compris pour les carburants. Vendredi, il n’y a eu aucune livraison », a affirmé à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un haut responsable de l’Union européenne, qui finance l’achat des carburants palestiniens. Les habitants de ce territoire surpeuplé et pauvre se sont précipités dans les stations-services après l’annonce du bouclage. « Nous n’avons plus de diesel. Les gens, surtout les conducteurs de taxi, se sont rués vers les pompes », a affirmé à l’AFP le propriétaire de la station d’essence Al Tarazi, l’un des plus importants de Ghaza.
Le responsable de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (Unrwa) à Ghaza, John Ging, a indiqué que la seule centrale électrique de Ghaza, qui ne fonctionne déjà qu’à moitié de ses capacités depuis plusieurs mois, pourrait cesser sa production sans approvisionnement rapide. « Nous sommes très inquiets, car il y a déjà de très importantes coupures d’électricité », en raison de la réduction, en décembre, de l’approvisionnement israélien de courant à Ghaza, a souligné à l’AFP M. Ging, précisant que les hôpitaux du territoire avaient du mal à fonctionner. « Des quartiers comme Choujaïya sont déjà sans électricité depuis quatre jours », a poursuivi le responsable onusien.
Selon M. Ging et le haut responsable de l’UE, les autorités israéliennes leur ont fait savoir que le bouclage total de Ghaza « serait réexaminé lundi ». Face à cette situation, le porte-parole du gouvernement du Hamas, Taher Al Nounou, a appelé l’Egypte à ouvrir le point passage de Rafah pour « faire entrer les produits de base », tout en promettant que son mouvement ne plierait pas face aux sanctions.
La frontière de Rafah, entre le sud de la bande de Ghaza et l’Egypte, est fermée depuis la prise du pouvoir par le Hamas en juin. L’Egypte n’a autorisé son ouverture qu’à de rares reprises pour laisser passer des pèlerins se rendant à La Mecque. De son côté, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a exprimé son inquiétude vendredi soir et appelé à la fin à l’escalade des violences qui pourraient donner un coup fatal à la récente relance des négociations israélo-palestiniennes.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a lui condamné « vivement les actions des autorités occupantes israéliennes », tandis que l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a appelé hier le Conseil de sécurité de l’ONU à intervenir. Pendant ce temps, un haut responsable du Hamas dans la bande de Ghaza a accusé hier, selon Reuters, le mouvement du Fatah du président palestinien, Mahmoud Abbas, d’avoir projeté d’assassiner un dirigeant du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et affirme que le kamikaze censé commettre l’attentat a été arrêté et a avoué. L’objectif du complot était de tuer Haniyeh, ex-Premier ministre palestinien, dans une mosquée de Ghaza au cours de prières, a déclaré Saïd Seyam, ancien ministre de l’Intérieur, qui supervise les forces de sécurité du Hamas dans la bande de Ghaza.
Sources El Watan
Posté par Adriana Evangelizt