Si je t'oublie Jérusalem

Publié le par Adriana Evangelizt

Un article du 20 janvier 2000 qui parle de Jean-Paul II, Arafat et de Jérusalem... les chrétiens non plus ne sont pas contents de ce qu'il advient de Jérusalem... qu'on se le dise.

Si je t'oublie Jérusalem...

par Marcel Péju

Jean-Paul II et Yasser Arafat appellent à un « statut spécial internationalement garanti » pour la Ville sainte.

« Un accord historique » : c'est en ces termes que Joaquin Navarro-Valls, porte-parole du Saint-Siège, a salué, le 15 février, le document signé au nom du pape Jean-Paul II et de Yasser Arafat, qui s'étaient rencontrés, le jour même, pour la neuvième fois depuis le 15 septembre 1982. Document, d'ailleurs, aussi étrange qu'historique, puisque engageant deux États dont l'un n'existe presque plus et l'autre pas encore - mais dotés tous les deux d'une charge symbolique d'autant plus forte qu'elle ne tient précisément pas à quelque force militaire. Réduit à sa petite « Cité », le Vatican de Jean-Paul II n'est que l'ombre de ces États de l'Église dont son prédécesseur Jules II, pontife combattant, conduisait jadis les légions. Et Arafat n'exerce une fragile autorité que sur quelques enclaves étouffées par l'armée israélienne. Il n'empêche : la signature de ce texte - en prélude à la visite papale du 21 mars - a soulevé la colère du gouvernement d'Israël, qui a, tout aussitôt, convoqué le nonce apostolique, pour s'indigner d'une « ingérence » dans ses affaires intérieures. Ce qui n'est évidemment pas le cas : sauf à qualifier d'ingérence une manière de rappel de la loi internationale - qu'Israël, il est vrai, ne cesse de bafouer.

En quoi consiste, en effet, cet accord ? D'abord, en une reconnaissance implicite du futur État palestinien, qui incarnerait « les droits nationaux légitimes inaliénables et les aspirations du peuple palestinien ». Certes, face au Saint-Siège, défini comme « autorité souveraine de l'Église catholique », l'autre partie contractante est l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), mais considérée comme « représentante du peuple palestinien, agissant au bénéfice et au nom de l'Autorité palestinienne ». Ainsi le document fait-il figure de véritable concordat conclu entre deux États souverains.

Son objectif essentiel est donc de doter l'Église catholique d'un plein statut juridique en territoire palestinien. Aussi l'OLP s'engage-t-elle à « respecter le droit humain à la liberté de religion et de conscience », tandis que l'Église fait de même et réitère son « respect pour les fidèles d'autres religions ». Moyennant quoi, l'OLP reconnaît les droits de cette Église « en matières économique, légale et fiscale ». Et de préciser que « les Palestiniens, quelle que soit leur affiliation religieuse, sont membres égaux de la société palestinienne ».

Mais pour en arriver là, et dans le même esprit, un préambule a déclaré notamment que « les décisions et les actions unilatérales altérant le caractère et le statut spécifique de Jérusalem sont moralement et juridiquement inacceptables ». Les deux parties appellent donc, pour la Ville sainte, « à un statut spécial, internationalement garanti ». D'où, évidemment, la « réprobation » du gouvernement israélien, qui tient Jérusalem unifiée pour sa « capitale éternelle ». Mais en dirigeant ses foudres contre le Vatican, il oublie simplement - affecte d'oublier - qu'il n'y a là rien d'autre qu'un rappel de la position constante des Nations unies, dont la résolution 478, par exemple, tient l'annexion unilatérale de Jérusalem-Est par Israël comme « une voie de fait sans validité juridique ». Arafat n'a pas eu tort, à l'issue de sa visite à Rome, de déclarer qu'« il est temps de détruire le mythe d'Ehoud Barak et de sa volonté de paix : les faits démontrent le contraire ».

Sources :  JEUNE AFRIQUE

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LA COLONISATION

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