Pourquoi les sionistes ont-ils attaqué l'Egypte au Salon de Genève ?
Pourquoi les sionistes ont-ils attaqué l'Egypte au Salon de Genève ?
par Mohamed Salmawy
Le correspondant de la télévision suisse m’a demandé : Comment évaluez-vous le Salon du livre de Genève ? Et à quoi la participation égyptienne a-t-elle abouti ?
J’ai alors fait signe en direction du pavillon égyptien qui se trouvait derrière moi et j’ai dit : Regardez ces nombres venus en masse pour faire la connaissance de la culture égyptienne à travers les livres exposés.
Je lui ai également dit : Regardez le nombre d’assistants aux colloques qui ont abordé tous les arts égyptiens depuis le théâtre, le cinéma et les arts plastiques, jusqu’à la culture et l’histoire ; depuis la mondialisation, le dialogue des civilisations jusqu’au statut de la femme. Regardez le nombre d’assistants à l’exposition panoramique qui est présentée quotidiennement par le Centre du patrimoine civilisationnel et naturel de l’Egypte. C’est une grande exposition retraçant les différentes époques égyptiennes, depuis l’ère pharaonique, en passant par l’ère copte et celle islamique, et jusqu’à l’époque moderne. Et, enfin, jetez un coup d’œil sur l’exposition pharaonique qui a lieu dans la grande salle à proximité du pavillon égyptien.
Voilà l’image vivante du succès qu’a réalisé la participation égyptienne au Salon du livre de Genève. Cette image est plus éloquente que n’importe quel commentaire qui émanerait de ma part ou de la part de quelqu’un d’autre. Le public a fait la queue longtemps devant la salle de cinéma qui a diffusé les films égyptiens La Terre, La Momie, Ya Dounia ya gharami, Le Caire des années 30 et Journal d’un substitut de campagne.
Un égyptologue, Massimo Patani, m’a dit qu’il était tout à fait normal que le public porte un intérêt à l’exposition pharaonique. Mais la surprise était — pour reprendre ses propos — l’intérêt porté à la culture égyptienne contemporaine qui s’est manifesté dans ce flot humain intéressé aux livres et aux colloques. Ceci ne fut pas une surprise pour Dr Patani uniquement. Car j’étais parmi ceux qui attendaient dans une queue pour un film égyptien lorsque j’ai entendu une femme derrière moi dire à son mari : « Il semble que c’est l’Egypte l’hôte d’honneur de cette édition du Salon. Qu’est-ce qu’ils exposent ? ». Il lui a répondu : « Ils ont certainement apporté une statue pharaonique ».
Mais en réalité, la statue que l’Egypte a apportée cette fois-ci a de multiples facettes et pas uniquement une facette pharaonique. Elle reflète également le vécu culturel et intellectuel contemporain que le public a trouvé d’une richesse éblouissante.
C’est ainsi que les choses se sont passées la première fois où l’Egypte a été choisie comme invitée d’honneur dans l’un des Salons du livre internationaux. Ce après avoir participé avec le reste du monde arabe dans le Salon du livre de Francfort, en 2002, et celui de Londres, le mois dernier.
Pierre Marcel Favre, le président du Salon du livre de Genève m’a dit qu’il s’attendait à voir ce succès réalisé par le pavillon égyptien, au moment où il a été convenu de choisir l’Egypte exclusivement comme l’hôte d’honneur de l’édition de cette année. Raison pour laquelle il lui a conféré la plus grande superficie qu’un invité d’honneur ait jamais obtenue.
Alain Pitar, le propriétaire de la bibliothèque L’Olivier à Genève, qui a inauguré un pavillon de sa bibliothèque spécialisée dans les livres du monde arabe et qui se trouvait près du pavillon de l’Egypte, m’a déclaré qu’il a été obligé de demander à sa femme et à ses deux enfants de rester avec lui, pendant les jours de congé pour pouvoir satisfaire aux demandes du public.
Ensuite, j’ai dit au correspondant de la télévision suisse : « La preuve réelle du succès de la participation égyptienne est cette attaque manquée que l’un des groupes sionistes a essayé de déclencher contre le choix de l’Egypte comme invité d’honneur ». Shimon Samuels, le responsable des relations étrangères du Centre de recherches Simon Wiesenthal a envoyé une lettre officielle à l’administration du Salon dans laquelle il a fait objection au choix de l’Egypte. Il a déclaré qu’il a été surpris de trouver en tête de liste des intervenants au pavillon égyptien, Mohamed Salmawy, que l’on dit être un révisionniste concernant l’holocauste. Samuels a prétendu dans sa lettre que le pavillon égyptien comprenait également des livres antisémites. Et il a mentionné un livre intitulé Israël, ses actes et ses mots de Dr Neamat Ahmad Fouad et il a déclaré que la maison d’édition qui l’a publié était Nahdet Misr. Ainsi que le livre Les Juifs aux yeux de leurs critiques, de Dr Abdel-Wahid Al-Masri, et son éditeur est Dar Al-Ain.
En réalité, Dr Neamat Ahmad Fouad n’a pas écrit un livre de cet intitulé. Et il n’y a pas un écrivain égyptien du nom de Abdel-Wahid Al-Masri. Mais l’accusation que m’a adressée la lettre de Samuels, selon laquelle je suis révisionniste, est erronée parce que je n’ai jamais publié une étude sur l’holocauste qui remettrait en cause les vérités ou le nombre de victimes de l’holocauste. Et le fait d’utiliser l’expression de probabilité « dit-on » porte atteinte à la crédibilité du centre auquel appartient Shimon Samuels. Surtout que l’on pourrait penser que les centres de recherches dépendent, en général, sur les recherches précises et non pas sur les propos transmis ou les rumeurs.
Dr Nasser Al-Ansari, le président de l’Organisme égyptien du livre, qui a organisé le pavillon égyptien, a envoyé un démenti officiel au journal La Tribune de Genève qui avait publié un article sur ce sujet ayant pour titre « Polémique autour du pavillon égyptien ». Dans cet article, Nasser Al-Ansari a mentionné que la participation égyptienne et que le pavillon égyptien étaient une réussite. Il a également avancé que l’objection d’une partie donnée ne veut pas dire qu’il existe nécessairement une polémique. Surtout que cette objection n’est pas fondée, car les livres cités ne se trouvent pas au pavillon égyptien.
Le journal a publié le lendemain un résumé du droit de réponse et a consacré un espace à une caricature illustrant les trois pyramides d’Egypte en y ajoutant une 4e sous forme de livre ouvert. Comme si l’Egypte avec sa participation réussie a édifié une nouvelle pyramide.
Le responsable du Centre Wiesenthal, qui se consacre à la poursuite des anciens nazis, avait demandé à l’administration du Salon de confisquer les livres et d’arrêter tout contact avec les éditeurs égyptiens. Mais le président du Salon a déclaré que le Salon n’était pas un organisme policier et qu’il ne pouvait pas inspecter 400 pavillons. Il a également déclaré au journal que s’il y avait parmi ces ouvrages, des livres transgressant la loi, la partie plaignante n’avait qu’à recourir à la justice, parce que le Salon n’avait pas de droit de censure sur les livres.
La participation égyptienne à Genève, qui a pris fin dimanche 4 mai, a fait l’objet de l’intérêt et de l’estime du public du Salon en raison des activités qui ont suscité la satisfaction des invités et des efforts de l’Organisme du livre, qui ont réussi à rassembler cette panoplie de livres et d’écrivains, surtout ceux dont les travaux ont été traduits en français. Parmi eux, il y avait Bahaa Taher, Ibrahim Aslan, Gaber Asfour, Alaa Al-Aswani, Ahmad Abdel-Moeti Hégazi, Gaballah Ali Gaballah, Anwar Abdel-Malek, Aboul-Ela Al-Salamoni, Montasser Al-Qaffach, Adam Henein, Fayza Heykal, Ahmad Fouad Selim, Nazli Madkour, Zeinab Radwan, Mona Ragab, May Al-Telmessany, Mohamad Baghdadi, Sami Mahran, Helmi Al-Namnam et moi-même. Ces noms ont insufflé la vitalité au pavillon égyptien. Chose qui a provoqué quelques-uns de ceux qui ont été les invités d’honneur du Salon du livre de Paris, le mois dernier, et contre lesquels nous nous sommes opposés. Ils devaient alors élever la voix et se faire entendre, surtout que cette fois-ci, l’Egypte était, pour la première fois, l’invitée d’honneur du Salon du livre de Genève.
Sources El Ahram
Posté par Adriana Evangelizt