Le vrai-faux plan de paix d'Ehoud Olmert

Publié le par Adriana Evangelizt

Artictle du Monde...


Le vrai-faux plan de paix d'Ehoud Olmert


par Benjamin Barthe



Ehoud Olmert n'a pas dit son dernier mot. Le premier ministre israélien, dont le retrait est désormais programmé, entretient le suspense sur sa capacité à conclure un accord de paix avec le président palestinien, Mahmoud Abbas. Bien que les affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué l'aient forcé à annoncer qu'il démissionnerait après la primaire de son parti, Kadima, prévue à la mi-septembre, Olmert, le mal-aimé, tente un ultime baroud.

Voilà l'image qui se dégage des deux articles publiés coup sur coup dans la presse israélienne. Une impression trompeuse, selon les Palestiniens, qui dénoncent une manipulation destinée à leur faire endosser la responsabilité de l'échec des négociations qui, à leurs yeux, est garanti.

Jeudi 14 août, le quotidien Haaretz affirmait que le premier ministre avait donné son accord au retour de 20 000 réfugiés palestiniens sur vingt ans, dans le cadre des négociations qu'il continue à mener avec M. Abbas. Cette fuite a été officiellement démentie par son bureau.

La veille, Haaretz avait révélé d'autres détails constitutifs du supposé plan de paix de M. Olmert : un retrait de 93 % de la Cisjordanie, le long de la frontière dessinée par la barrière se séparation ; l'annexion des grands blocs de colonie comme Ma'aleh Adumim et Gush Etzion ; la cession en guise de compensation de 5 % de terres en lisière de la bande de Gaza ; l'instauration d'un corridor entre ce territoire et la Cisjordanie.

D'après Haaretz, qui n'a pas été contredit par les services du premier ministre israélien, l'application de ce plan serait conditionnée à la mise en oeuvre par l'Autorité palestinienne d'une série de réformes sécuritaires et notamment à la reprise par le Hamas du contrôle de la bande de Gaza.

La valeur de cette offre, qui passe sous silence l'épineuse question de Jérusalem, et même la simple existence d'un tel document, a été aussitôt contestée par les dirigeants palestiniens. "Ni le premier ministre, Ehoud Olmert, ni aucun autre responsable israélien ne nous ont jamais proposé d'offre globale et détaillée", a déclaré Saëb Erekat, le négociateur en chef palestinien, qui a qualifié les articles de Haaretz de "demi-vérités, sans fondement".

Pour Yasser Abed Rabbo, proche conseiller du président Abbas, le chiffre de "93 %" ne correspond pas à la réalité des ambitions israéliennes. "La zone de Latrun et le Grand Jérusalem ne sont pas inclus dans les blocs de colonies soumis à annexion", a-t-il déclaré à la radio publique palestinienne, alors que, selon lui, Israël entend les conserver. "De plus, Israël veut garder sous son contrôle la vallée du Jourdain et les rivages de la mer Morte. A terme, Israël restera en possession de 30 % à 40 % des territoires de la Cisjordanie. Olmert joue avec les chiffres pour tromper la communauté internationale et reporter sur le camp palestinien la responsabilité de l'échec du processus de paix."

Pour les bons connaisseurs des négociations israélo-palestiniennes, le vrai-faux plan de paix d'Olmert n'est pas sans rappeler la période de Camp David et Taba, deux sommets tenus en juillet 2000 et janvier 2001. "Cette offre n'a rien de neuf, explique Menahem Klein, professeur de sciences politiques et ancien conseiller d'Ehoud Barak, le premier ministre israélien à cette époque. D'un point de vue territorial, c'est grosso modo ce que nous avons proposé à Taba. Cette formule était alors inacceptable pour les Palestiniens, et elle l'est toujours aujourd'hui. D'autant que la situation de Mahmoud Abbas est beaucoup plus inconfortable que celle de Yasser Arafat à l'époque. Gaza est une grande prison et la Cisjordanie un protectorat israélien, où Abbas ne peut pas bouger un policier sans en référer à Olmert."

En 2000, après l'échec de Camp David, Ehoud Barak s'était empressé de présenter son offre comme "généreuse" et de stigmatiser en retour le refus de Yasser Arafat. Editorialiste au journal Haaretz, Akiva Eldar craint la répétition d'une telle manoeuvre. "Olmert sait qu'il approche de la fin. Il ne veut pas ajouter à son bilan, déjà piteux, le désastre du processus de paix. Il se prépare à accuser les Palestiniens alors même qu'il sait pertinemment qu'un accord sans Jérusalem est inacceptable pour eux."

Dans ce contexte, la visite dans la région de Condoleezza Rice, prévue le 28 août, s'annonce délicate. A défaut de l'accord de paix global que le président américain, George Bush, avait envisagé à la conférence d'Annapolis en novembre 2007, la secrétaire d'Etat américaine s'efforcera d'obtenir des deux parties un document a minima, qui recense leurs maigres points d'entente. Ce texte pourrait être transmis au successeur d'Ehoud Olmert afin d'entretenir l'espoir d'une poursuite du laborieux processus d'Annapolis.

Sources Le Monde

Posté par Adriana Evangelizt

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article