"Nous n'avons plus de gouvernement"

Publié le par Adriana Evangelizt

Où l'on apprend que l'hypocrite Olmert et sa suite avait prémédité l'arrestation des membres du Hamas bien avant l'enlèvement du soldat... non, il n'est plus possible de tolérer ce comportement et cette mentalité. Il faut vraiment que cela cesse. Mais où voit-on cela, franchement, où ?

«Nous n'avons plus de gouvernement»

par Serge Dumont

En quelques heures, Israël a arrêté des dizaines de responsables du mouvement Hamas.

«Nous n'avons plus de gouvernement, nous n'avons plus de parlement et nos infrastructures ne fonctionnent plus. Nous n'avons plus rien.» Cette petite phrase de l'ex-ministre Saeb Erekat (Fatah) résume bien le désarroi d'une bonne partie de l'opinion palestinienne après la rafle organisée dans la nuit de mercredi à jeudi par les services de sécurité de l'Etat hébreu.

En quelques heures, huit ministres palestiniens (dont celui des Finances) et vingt parlementaires (parmi lesquels le président du Conseil législatif) ont été arrêtés en raison de leur appartenance au Hamas. Une quarantaine de maires et de responsables locaux de l'organisation islamiste ont ensuite été interpellés à Jérusalem-Est, à Ramallah, à Jénine, à Naplouse et à Hébron (Cisjordanie).

Certes, le vice-premier ministre Nasser al-Shaer a réussi à échapper au coup de filet. A Gaza-City, le premier ministre Ismaïl Haniyeh, son collègue des Affaires étrangères Mahmoud al-Zahar, ainsi que de nombreux députés sont entrés dans la clandestinité. Mais le coup est important pour le Hamas comme pour l'Autorité palestinienne. «Les sionistes ont déclaré la guerre au peuple palestinien, qu'ils ne s'étonnent pas d'en payer le prix», a menacé le député de Gaza Ahmad Bahar (Hamas).

Les chroniqueurs de la presse israélienne affirment que ces prisonniers «de prestige» serviront de monnaie d'échange pour obtenir la libération du caporal Gilad Shalit, un soldat de l'Etat hébreu capturé au cours d'un raid mené dimanche par les milices palestiniennes.

«Onze mille Palestiniens sont déjà détenus dans nos prisons, fallait-il en ajouter 84 ?» interroge cependant le commentateur Yaron London. Cette thèse d'un échange éventuel a toutefois été démentie avec vigueur par le gouvernement israélien.

Parmi les personnalités désignées pour une «liquidation» figure Khaled Meshal, le leader de la branche politique du Hamas en exil à Damas où il serait protégé par le président syrien Bachar el-Assad. A titre d'avertissement, des chasseurs bombardiers israéliens ont donc survolé le palais présidentiel de Lattaquié en multipliant les explosions soniques.

«Nous remuerons ciel et terre pour retrouver le caporal», a promis le ministre israélien Binjamin Ben Eliezer. «Qu'elles se trouvent en Syrie ou ailleurs, toutes les personnes impliquées dans cette affaire nous rendront des comptes.»

A Silwan, un quartier de Jérusalem-Est d'où sont originaires plusieurs des élus du Hamas arrêtés par Israël et où résident encore de nombreux membres de la famille Meshal, la rafle menée par les services israéliens suscite à la fois le dépit et la frustration. «Israël veut abattre notre gouvernement et notre parlement», affirme Wallid Meshal, un cousin du leader de la branche politique du Hamas. «En un sens, Ehoud Olmert et ses ministres sont pires qu'Ariel Sharon et que les membres de son équipe, estime-t-il. Ils poursuivent la même politique mais avec un visage plus avenant et en faisant des sourires à tout le monde. Il y a à peine une semaine, Olmert a donné l'accolade à notre président Mahmoud Abbas et il a promis de le rencontrer. Pendant ce temps, ses collaborateurs préparaient l'invasion de Gaza. Il a trompé tout le monde mais les Palestiniens ne se laisseront pas faire.»

A Tel-Aviv, le ministre israélien de la Défense Amir Peretz a en tout cas autorisé l'armée et les services de sécurité de son pays à appliquer les phases suivantes de l'opération «Pluie d'été» en cours depuis trois jours. Alors que les milices palestiniennes faisaient sauter une partie du mur séparant la ville de Rafah (sud de Gaza) de l'Egypte afin de permettre la fuite, des hélicoptères israéliens ont multiplié les tentatives de «liquidation» (deux blessés) ainsi que les raids sur les ateliers de fabrication de roquettes Qassam.

Au nord de la bande de Gaza, des tracts appelant les 26 000 habitants de Beit Hanoun et de Beit Lahia à «ne pas résister» ont été lancés dans le courant de la nuit par des avions israéliens. Craignant l'entrée des chars, des milliers de Palestiniens résidant dans ces deux villes se sont déjà repliés sur Gaza-City. En attendant l'offensive des unités spéciales, l'artillerie poursuit de manière ininterrompue ses tirs sur les terrains vagues susceptibles de servir de base de lancement de roquettes palestiniennes.

Selon un sondage, 41% des Israéliens estiment que leur armée devrait s'installer de manière permanente dans la bande de Gaza afin d'y empêcher les tirs de Qassam mais 46% se prononcent en faveur d'une incursion limitée dans le temps. Ce soutien à l'offensive en cours est motivé par la poursuite des tirs de roquettes palestiniennes (quatre d'entre elles sont tombées jeudi matin sur la ville de Sderot) mais également par la découverte du corps d'Elyahou Ashari, un jeune colon (18 ans) enlevé dimanche et abattu d'une balle dans la tête par des membres du Fatah de Ramallah.



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«Nous voulons introduire la loi et l'ordre»

par Luis Lema


Israël se montre fidèle à la doctrine de la dissuasion.
Quel est l'objectif exact de la pluie d'obus qui s'abat sur Gaza et de l'arrestation de dizaines de dirigeants du Hamas? Soumis aux questions, des responsables israéliens ont rapidement fait déborder l'enjeu bien au-delà de la simple libération du soldat Gilad Shalit. «Nous voulons introduire la loi et l'ordre à Gaza», affirmait ainsi, jeudi sur CNN, le vice-premier ministre Shimon Peres, entre deux images des infrastructures palestiniennes dévastées.

Selon le journal israélien Haaretz, la détention des députés membres du Hamas était, de son côté, planifiée depuis bien avant la disparition du soldat israélien. La liste avait été préparée il y a plusieurs semaines par les services de renseignement du Shin Bet, croit savoir Haaretz.

De fait, fidèle à la doctrine de la «dissuasion» que les militaires israéliens ont toujours suivie aussi bien face aux Palestiniens qu'aux pays arabes, le gouvernement semble surtout préoccupé par le souci de rétablir la crédibilité de l'armée. «Le prestige de Tsahal (L'armée de défense israélienne, selon son nom officiel) est au plus bas», s'inquiète Israël Harel, l'un des chefs de file des colons israéliens. En ajoutant que le premier ministre, Ehoud Olmert, «doit prouver qu'il est capable de donner aux Palestiniens une leçon qu'ils ne vont pas oublier.»

Ehoud Olmert affaibli

Alors qu'il misait jusqu'ici sur son plan de «désengagement unilatéral», récemment rebaptisé «plan de convergence», le premier ministre est en effet sérieusement affaibli. Comment justifier de futurs retraits de Cisjordanie tandis qu'à Gaza des Palestiniens creusent des tunnels de plusieurs centaines de mètres de long afin d'attaquer des soldats postés en Israël? Faisant mine d'oublier que ce désengagement a été précisément initié par Ariel Sharon à Gaza, de nombreux commentateurs de la presse populaire ont interpellé vivement son successeur. Un reproche, surtout: Sharon, lui, agissait, tandis qu'Olmert ne fait que parler depuis qu'il est arrivé au pouvoir...

Pratiquement fondatrice de l'Etat d'Israël, la volonté de ne pas montrer la moindre faiblesse et de ne pas s'ériger en victime consentante a rapidement pris le dessus dans l'opinion publique. Seul Ekiva Eldar, l'un des analystes les plus fins du pays, rappelait récemment avec malice ces propos tenus à New York en juin dernier par Ehoud Olmert: «Nous sommes fatigués de lutter, d'être courageux, de vaincre, de terrasser nos ennemis. Nous voulons être capables de vivre différemment avec nos ennemis. Nous voulons qu'ils soient nos amis, nos partenaires, de bons voisins.»

Des propos à mettre en relation avec ceux qu'il tenait juste avant que soit lancée l'opération actuelle sur Gaza: «Le monde en a assez des Palestiniens. Jusqu'ici, notre réponse a consisté en la retenue. C'est fini.»

Ces menaces, toutefois, ne satisfaisaient pas encore Hatzofeh, le journal de l'extrême droite israélienne: «Sauf à entrer à Gaza pour ne plus en ressortir, l'opération actuelle ne fera que compliquer encore les choses pour Israël», expliquait-il jeudi.


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Les ratés de la doctrine de la dissuasion
par Luis Lema


Par le passé, l'Etat d'Israël a très souvent répliqué de manière extrêmement dure aux agissements hostiles des Palestiniens et des pays arabes, quitte pour cela à provoquer des vives critiques de la communauté internationale et à compromettre des espoirs de dialogue. Quelques exemples récents.

L'opération «Rempart»

Suite à un attentat qui fit 29 morts à Netanya fin mars 2002, l'armée israélienne lançait une vaste opération militaire. Préparée de longue date, de l'aveu même des responsables de l'Etat hébreu, l'opération «Rempart» signifia la réoccupation par Israël de l'ensemble de la Cisjordanie. Au cours de celle-ci, l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat se transforma rapidement en une coquille vide, et une bonne partie du camp de réfugiés qui jouxte la ville palestinienne de Jénine fut notamment rasée au bulldozer par l'armée.

Une escalade qui a beaucoup contribué à la mort d'une proposition de règlement global émise par l'Arabie saoudite, et adoptée ensuite par la Ligue arabe réunie à Beyrouth.

Les «assassinats ciblés»

Débutant peu après le déclenchement de la deuxième Intifada, la pratique des assassinats a surtout concerné dans un premier temps les membres des mouvements radicaux qui, selon les Israéliens, s'apprêtaient à commettre des attentats en Israël. Depuis lors, Israël a considérablement élargi ses cibles, «éliminant» systématiquement tous les chefs du Hamas, y compris ceux dont le «pragmatisme» était reconnu.

Début 2002, alors que se consolidait une accalmie, les Israéliens ont décidé de tuer l'un des chefs militaires du Fatah, Raed Karmi. Dès le lendemain, les commentateurs israéliens prévoyaient la reprise des attentats en Israël. Le carnage se produisit quelques jours plus tard, à Hadera (six morts). L'armée occupa par la suite la ville de Ramallah et commença le premier siège du quartier général de Yasser Arafat.

Les «Raisins de la colère»

Début 1996, après une vague d'attentats sanglants commis par le Hamas en Israël (vague qui, elle-même, fut produite par l'assassinat de «l'ingénieur» du Hamas Yehia Ayache), la tension monte en Galilée. Shimon Peres lance l'opération «Raisins de la colère» qui se soldera finalement par une tragédie. Le 18 avril, une centaine de civils réfugiés dans le camp de l'ONU de Cana, au Sud-Liban, trouvent la mort sous les bombes israéliennes. Cette série de tensions amènera au pouvoir le faucon Benjamin Netanyahou qui interrompra tout dialogue avec l'Autorité palestinienne de Yasser Arafat.

Massacre à la plage

Plus récemment, le 9 juin dernier, réagissant aux tirs de roquettes artisanales sur la ville de Sderot, la marine israélienne lance une série d'obus sur les côtes de Gaza. L'un des obus tue sept membres d'une même famille sur une plage. Même s'ils reconnaissent avoir procédé à des tirs peu avant, les Israéliens affirment qu'ils ne sont pas responsables de la tuerie. Mais ils refusent toute enquête internationale. Peu après, le Hamas évoquait la fin d'une trêve respectée depuis plus d'un an.


Sources : Le Temps
Posté par Adriana Evangelizt
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