Point de presse du gouvernement Français au sujet du Proche-Orient

Publié le par Adriana Evangelizt

Regardez les questions pertinentes du journaliste qui enfonce bien le doigt où ça fait mal et les réponses...

Point de presse du gouvernement Français au sujet du Proche-Orient

21 mai

La France condamne fermement la poursuite des tirs de roquettes à partir de Gaza et appelle les différents groupes palestiniens à respecter le cessez-le-feu conclu le 26 novembre avec les autorités israéliennes.

Alors que la situation est très volatile dans les Territoires palestiniens et face à l'accroissement préoccupant du nombre de victimes civiles, nous appelons les autorités israéliennes à la plus grande retenue pour ne pas entrer à nouveau dans le cycle stérile de la violence. Nous les encourageons à reprendre la voie du dialogue.

(Quelle est la réaction de la France face aux menaces d'un ministre israélien de ''liquider à la première occasion'' Khaled Meshal, un des signataires des accords de La Mecque qui ont permis la création du gouvernement d'union nationale entre le Hamas et le Fatah ?)

Nous avons pris note de ces déclarations.

Je vous rappelle que la France condamne de façon constante la pratique des exécutions extra-judiciaires, contraire au droit international. Ce type de pratique ne fait que renforcer les éléments les plus radicaux à un moment où il faut, au contraire, renforcer la position des partisans d'une solution négociée.

(M. Kouchner s'est manifesté hier à propos des événements à Tripoli, qui ont provoqué quarante morts. Est-ce qu'il compte s'exprimer au sujet de la situation en Palestine, où nous comptons plusieurs morts par jours et quelle politique compte-il mener pour alléger la souffrance de la population palestinienne qui est au bord d'une catastrophe humanitaire, selon les responsables humanitaires ?)

Je vous renvoie à la déclaration que je viens de faire sur la situation au Proche-Orient. Vous connaissez l'attachement de la France à la recherche d'une solution juste et durable pour la création d'un Etat palestinien.

Cette question a été évoquée par M. Kouchner avec M. Solana ce matin, avant la visite que ce dernier entreprend dans la région.

(Selon l'ONU neuf Palestiniens sur dix vivent sous le seuil de pauvreté et le directeur de l'UNRWA, M. Ging, a appelé à une aide d'urgence aux Palestiniens. Que peut faire la France pour convaincre ses partenaires européens de reprendre l'aide directe ? Cet appel pourrait-il inciter les pays favorables à la reprise de l'aide directe à verser une aide d'urgence, même à titre d'effort groupé ou bilatéral ?)

Nous continuons de plaider auprès de nos partenaires européens en faveur d'une reprise de l'aide directe et nous le ferons notamment lors du prochain Conseil Affaires générales et Relations extérieures, qui se tiendra le 18 juin. Les éléments que vous mentionnez militent en ce sens.

(Quel a été le message de M. Kouchner à M. Solana qui entame une tournée au Proche-Orient ?)

L'entretien a été l'occasion de faire le point avant la tournée de M. Solana, en particulier sur la situation dans les Territoires palestiniens et au Liban.



22 mai 2007


(Une citoyenne israélienne est morte hier, suite à des tirs de roquettes depuis la bande de Gaza. Israël a-t-il le droit d'exercer son droit d'autodéfense ? Quelles en sont les limites ?)

La France condamne fermement la poursuite incessante des tirs de roquettes en direction d'Israël. Comme vous l'avez rappelé, ces tirs ont fait une victime dans la ville de Sderot.

Nous sommes très préoccupés par cette escalade continue de la violence dans le sud d'Israël et dans la bande de Gaza et par le nombre croissant de victimes civiles touchées par le conflit israélo-palestinien. La violence et la force ne peuvent apporter de solution juste et durable à la question israélo-palestinienne.

Plus que jamais, nous en appelons à l'esprit de responsabilité de l'ensemble des parties qui doivent s'abstenir de toute action qui complique la recherche d'un règlement au conflit.

Nous condamnons donc les tirs de roquettes et nous lançons un appel aux parties, y compris Israël, à la plus grande retenue. Nous l'avons dit dès hier. Nous considérons que l'escalade qui s'enclenche ne peut mener nulle part. De notre point de vue, la solution est politique et passe par un règlement du conflit.

(Vous condamnez la mort de cette Israélienne, mais vous ne condamnez pas la mort quotidienne de Palestiniens à cause de l'aviation israélienne. C'est curieux, pourquoi ?)

Nous avons eu l'occasion de le faire.

(Non, depuis une semaine, vous ne dites rien à propos de ce qui se passe à Gaza. Bien sûr, le décès de cette Israélienne est inacceptable, mais il serait aussi logique de condamner les attaques de l'armée israélienne dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.)

Dans cette déclaration, nous disons très clairement que nous demandons aux parties, et en particulier à Israël, de mettre fin à des actions qui provoquent, en effet, des victimes et des victimes nombreuses dans la population civile. Vous le savez bien, nous l'avons dit à plusieurs reprises dans le passé, cela reste notre position. Et, hier, nous avons rappelé, en réponse à une question qui nous était posée, notre opposition à la pratique de ce que l'on appelle les exécutions extra-judiciaires ou les assassinats ciblés. Nous considérons que ce n'est pas une méthode conforme au droit international et que, par ailleurs, cette méthode a plutôt un effet négatif, puisqu'elle renforce en réalité les éléments radicaux dans la population palestinienne au lieu de renforcer les éléments modérés. Je dirais donc que, de notre point de vue, ce n'est pas justifié juridiquement et moralement et que c'est inefficace, puisque cela ne fait que renforcer les éléments radicaux de la population palestinienne.

(Permettez-moi d'insister tout de même. Approuvez-vous une action israélienne visant un tireur de roquettes ? Je ne parle pas des civils, mais des actions de l'armée contre des unités qui tirent des roquettes.)

Je ne souhaite pas entrer dans ce débat sur le concept de légitime défense. C'est, d'un point de vue juridique, un débat très complexe, qui plus est dans une région particulière, compte tenu du statut des Territoires. Notre message est simple. Cette escalade de la violence, ce cycle de représailles ne mène à rien. Donc, la conclusion que nous en tirons est assez simple. Il faut à la fois cesser les tirs de roquettes, qui sont effectivement des provocations, et cesser également les actions militaires qui sont conduites en représailles, parce qu'elles font des victimes dans la population civile et parce qu'elles alimentent un sentiment de colère et de révolte contre Israël.

(Ne pensez-vous pas qu'il y a deux poids et deux mesures ? Les Palestiniens sont déjà punis politiquement et financièrement par la communauté internationale à cause d'un comportement estimé inacceptable. Du côté israélien, on appelle à la retenue, on appelle à ne pas assassiner les responsables politiques et à ne pas les arrêter pour les mettre en prison, mais il n'y a aucune suite. Hier encore, la liste s'est allongée, jusqu'au Premier ministre du Hamas comme cible potentielle qui pourrait être touchée. Quelle est la prochaine étape, pour la communauté internationale et particulièrement pour l'Union européenne, face à cette tactique ?)

Nous nous engageons dans un débat et nous connaissons bien les arguments. Je ne voudrais pas que l'on se lance dans un grand débat à ce sujet. Vous dites que l'on punit les Palestiniens. Nous n'avons jamais puni les Palestiniens, encore moins les populations palestiniennes. Nous avons eu l'occasion d'en parler à de nombreuses reprises, l'aide aux Palestiniens n'a pas été interrompue, elle a été plus importante en 2006 qu'en 2005. Nous ne punissons pas les Palestiniens et ce n'est pas du tout notre volonté de punir les populations palestiniennes. La France est pour une reprise de l'aide directe à l'Autorité palestinienne.

Mais ce sont des choses différentes. L'attitude que nous avons adoptée vis-à-vis du gouvernement palestinien de l'époque, qui était conduit par le Hamas, était due à une réalité très simple dont nous avons parlé à plusieurs reprises. Le Hamas est, pour nous, inscrit sur la liste des organisations terroristes. C'est donc un élément dont nous devons nécessairement tenir compte.

Ensuite, il y a eu ce gouvernement d'union nationale et bien évidemment nous souhaitons encourager ce gouvernement. Encore faut-il que les Palestiniens nous aident dans cette direction. Cela veut dire travailler dans une direction politique et aussi mettre un terme à ces tirs de roquettes, qui ne font que susciter des réactions israéliennes et qui ne font que rendre encore plus difficile une solution politique.

(Est-ce la totalité du Hamas qui est inscrit sur la liste des mouvements terroristes ou seulement l'aile militaire ?)

C'est le Hamas, à ma connaissance.

(Dans un entretien accordé à ''Politique internationale'', le nouveau président de la République française parle de l'élaboration de ce qu'il a appelé une doctrine diplomatique de la France. Etes-vous en train de travailler à cette nouvelle doctrine, en particulier pour le Proche et Moyen-Orient ? Quelles seraient les modifications apportées à la diplomatie française ?)

C'est une vaste question. Tout d'abord, les options du nouveau président de la République en matière diplomatique ont déjà été exposées très largement durant la campagne électorale. Elles sont, pour la plupart, connues. Il aura lui-même, bien sûr, l'occasion de les détailler à l'occasion de ses différents déplacements et à l'occasion de ses prises de paroles. Vous avez vu qu'il le fera très rapidement sur l'Europe et il aura sans doute d'autres occasions de s'exprimer ensuite, dans d'autres domaines. C'est la même chose pour notre ministre, qui vient de prendre ses fonctions et qui aura, lui aussi, l'occasion de préciser les orientations qu'il souhaite donner à ce ministère dans les prochaines semaines.

En effet, je crois qu'il y a, de la part de notre ministre, M. Bernard Kouchner, la volonté de réfléchir, comme vous le disiez, à une sorte de corpus de doctrine sur les orientations diplomatiques de la France. C'est un sujet sur lequel, en effet, nous devrions travailler dans la période qui s'ouvre, mais je ne peux pas vous donner, aujourd'hui, plus de précision. Il est vrai qu'il existe, dans d'autres pays, des ''livres blancs'' ou des documents du même type sur la politique étrangère.

(Ce sera donc un livre blanc ?)

Nous n'en sommes pas encore là et je rappelais juste ce qui existe dans d'autres pays.

Sources
Diplomatie Gouv

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LA FRANCE COMPLICE

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