Hébron : "Ils pourront partir lorsque je le dirai"

Publié le par Adriana Evangelizt

Hébron : "Ils pourront partir lorsque je le dirai"


Par CPT


Le CPT, Christian Peacemaker Teams est une initiative de plusieurs églises menant des activités pacifiques (Mennonites, Eglise de la Fraternité, et Quakers) soutenue par des membres des communautés catholiques et protestantes. Son mandat : soutenir dans le monde entier tous les efforts visant à réduire la violence; à Hébron aide aux populations civiles palestiniennes au quotidien, médiation avec les forces d'occupation israéliennes, et observation.

Les prières du vendredi midi (Jumu'ah) sont particulièrement importantes pour les Musulmans et nombre d'entre eux y assistent à la Mosquée Ibrahimi.
L'armée israélienne retient souvent les fidèles Musulmans pendant de longs moments avant et après les prières de midi donc les CPTers surveillent le checkpoint de la mosquée tous les vendredis

Comme d'habitude, vendredi dernier, les soldats israéliens ont pris les cartes d'identité à de nombreux palestiniens alors qu'ils entraient dans la mosquée vers midi. Je n'ai pas vu les soldats israéliens vérifier les papiers d'identité avec leur radio pendant les prières.

Quand les Palestiniens sont sortis de la mosquée à 13h15, les soldats israéliens ont ordonné à une centaine de fidèles d'attendre leurs papiers d'identité.

Alors que nous attendions, un Palestinien m'a dit : "Ils ne veulent pas la Paix" en me montrant la police des frontières au checkpoint. Au cours des heures suivantes, alors que j'observais le comportement des soldats israéliens, ses paroles résonnaient dans ma tête.

À environ 13h45, après une attente d'une demi-heure, un Palestinien âgé a demandé aux soldats israéliens pourquoi ils ne lui rendaient pas ses papiers. Un policier des frontières lui a répondu en riant : "Peut-être que l'ordinateur est en panne", et le petit groupe de policiers des frontières à côté de lui ont ri aussi.

Je me suis approché du checkpoint et j'ai demandé à l'un des policiers des frontières pourquoi ils n'avaient pas vérifié les papiers d'identité pendant que les hommes étaient dans la mosquée. Il a simplement haussé les épaules et a dit : "Je les vérifie maintenant."

A 13h50, les soldats israéliens étaient prêts à rendre les papiers d'identité aux Palestiniens qui attendaient. La foule s'est avancée en anticipation, mais seuls quelques hommes ont reçu leurs papiers d'identité, afin de pouvoir partir. Les soldats israéliens sont retournés se mettre à l'ombre de leur checkpoint où ils sont restés à rire, fumer et boire de l'eau. Ils ont ordonné aux Palestiniens de retourner se placer de l'autre côté du checkpoint, dans un endroit où il y avait un peu d'ombre sous une chaleur d'environ 35 degrés.

A 14h20, les radios israéliennes étaient silencieuses. Les soldats fumaient et riaient, en jouant avec les papiers d'identité des Palestiniens. Je me suis encore approché du checkpoint. Une Palestinienne m'a suivi, impatiente de savoir quand son mari pourrait rentrer à la maison avec elle.

J'ai poliment informé le policier des frontières que les Palestiniens attendaient depuis une heure et qu'ils voulaient rentrer chez eux. Il a répliqué :"Je sais que cela fait une heure. Ils partiront quand je dirai qu'ils peuvent partir."
Puis, il a crié quelque chose à la femme palestinienne.

Par la suite, à 14h50, les soldats israéliens ont rendu tous les papiers d'identité sauf un. J'ai regardé le vieil homme palestinien recevoir enfin ses papiers d'identité et rentrer lentement chez lui. J'ai vu la femme palestinienne et son mari partir en se pressant.

Je suis resté avec un jeune homme de 18 ans que les soldats ont forcé à attendre 45 autres minutes avant de lui rendre ses papiers d'identité.

Sources ISM

Posté par Adriana Evangelizt

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