Des Palestiniens vivent comme des "fantômes" à Gaza

Publié le par Adriana Evangelizt

Des Palestiniens vivent comme des "fantômes" à Gaza


Par Nidal al-Mughrabi

Officiellement, Mahmoud Jnaid n'existe pas. Ce jeune palestinien de 25 ans en a presque fait une réalité au début du mois lorsqu'il s'est arrosé d'essence et qu'il a essayé de s'immoler par le feu.

Jnaid est l'un des environ 54.000 palestiniens déplacés qui sont revenus à Gaza et en Cisjordanie après un accord de paix intérimaire en 1993, mais n'ont toujours pas de carte d'identité parce qu'Israël refuse de les reconnaître.

Après des années de silence, ils ont récemment commencé à tenir des manifestations de protestation toutes les semaines à Gaza pour demander ces documents, dont ils ont besoin pour voyager comme pour les démarches de base comme ouvrir un compte bancaire ou obtenir un permis de conduire.

"Je suis M. Personne", dit Jnaid, qui, lors d'une de ces protestations, a tenté de s'immoler par le feu avant que les gens présents ne l'en empêchent.

"Lorsque j'ai versé l'essence sur mon corps, j'ai eu l'impression que la vie était pareille à la mort", dit-il, assis près de sa femme et de ses enfants.

Jnaid est né en Jordanie après que sa famille se soit enfuie de la Bande de Gaza après la guerre de 1967 avec Israël. Il est revenu à Gaza en 1995, à 13 ans, mais n'a toujours pas de papiers d'identité.

Ironie du sort, le frère de Jnaid a finalement obtenu ses papiers d'identité deux semaines après avoir été tué, lors d'une manifestation, par les soldats israéliens à Gaza.

"Ca ne servait plus à rien, ils ne l'ont reconnu que mort", dit Jnaid.

Israël a fermé les frontières de Gaza à tout, sauf à l'aide humanitaire, depuis que le groupe islamiste Hamas ait pris le contrôle du territoire de 1,5 million d'habitants, en juin, et ait chassé ses rivaux du Fatah. L'économie est en ruines.

"J'ai six enfants et je suis sans travail depuis trois mois", dit Jnaid, menuisier au chômage.

"Des fantômes"

Au début du mois, Israël a accordé des cartes d'identité à près de 3.500 palestiniens de Cisjordanie, pour renforcer le Président palestinien Mahmoud Abbas, du Fatah, avant la conférence israélo-palestinienne.

Mais il y a peu d'espoir que la bonne volonté s'étende jusqu'à Gaza, qu'Israël a récemment qualifié d'"entité ennemie" parce que les militants du territoire lancent régulièrement des roquettes sur l'Etat juif.

Selon les accords de paix de 1993, Israël doit approuver tous les documents personnels palestiniens, y compris les cartes d'identité.

Jnaid dit que vivre à Gaza est comme vivre en prison. Son oncle et son plus jeune frère sont morts il y a quelques mois en Egypte, mais Jnaid n'a pu assister à leurs funérailles.

Lorsqu'il a demandé l'autorisation d'aller en Israël ou en Egypte pour l'opération d'un œil, sa demande a été rejetée.

"Ceux qui sont dans les prisons israéliennes vivent dans des petites cellules, moi aussi je suis prisonnier, mais dans une pièce plus grande appelée Gaza", dit Jnaid.

Hussein al-Sheikh, chef du bureau des affaires civiles à Ramallah, qui négocie avec Israël sur la question des cartes d'identité et des permis de voyage, a déclaré qu'il n'y avait aucun signe d'assouplissement de la position israélienne au sujet des papiers pour les habitants de Gaza.

Jnaid dit qu'il a l'impression d'être un fantôme.

"Pas seulement un fantôme, je n'existe même pas. Partout où je vais, on me demande ma carte d'identité, et je n'en ai pas."

Sources ISM

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LE MARTYRE DE GAZA

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