Ehud Olmert, de l'ultra-droite à la fin du Grand Eretz Israël
Il y a des destins, comme ça, qui prennent une tournure souvent inattendue. On peut le dire pour Ehud Olmert qui s'apprêtait à quitter la politique et qui se retrouve Premier Ministre.
Ehud Olmert, de l'ultra-droite à la fin du Grand Israël
Ehud Olmert, qui devrait sauf surprise être le prochain Premier ministre israélien, aime raconter qu'une simple calculette a balayé les illusions sur le Grand Israël qui l'ont bercé depuis sa tendre enfance.
"Le moment le plus douloureux de ma vie a été le jour où j'ai découvert que la comptabilité était plus forte que l'histoire et la géographie d'Israël. J'ai découvert avec effarement que si nous nous entêtions à tout garder, en 2020, il y aurait 60 % d'Arabes et 40 % de juifs", confie-t-il à des journalistes.
C'est cette révélation qui le conduira, en novembre 2003, à déclarer dans un entretien explosif: "Le jour est proche où une majorité de Palestiniens dira: +Nous ne voulons plus deux Etats. Donnez-nous seulement le droit de vote+. Alors, ce jour-là, nous aurons tout perdu".
Aux côtés d'Ariel Sharon, il est devenu l'artisan le plus convaincu des retraits unilatéraux des régions palestiniennes les plus peuplées et du désengagement de la bande de Gaza à l'été 2005.
Pourtant, ce politicien de 60 ans, a grandi dans un milieu ultranationaliste. Il est né en septembre 1945 dans le centre de la Palestine, à Shoni, qui fut la base de l'Etzel, une organisation ultranationaliste clandestine en lutte contre les Britanniques et les Arabes.
Son père, qui fut brièvement député du parti d'ultra-droite Hérout dans les années 60, était agriculteur, et le jeune Olmert a toujours vécu dans le mythe d'un Israël qui irait de la mer Méditerranée jusqu'à la Transjordanie.
Adolescent, il milite au Betar, l'organisation de jeunesse du Hérout, puis dirige la section estudiantine de cette formation durant ses études de psychologie et sciences politiques puis de droit à l'université de Jérusalem.
Elu plus jeune député du Parlement en 1973 sur la liste du Likoud, il est toujours du côté des plus extrémistes qui créent à tour de bras des colonies en Cisjordanie et à Gaza.
En 1978, il vote contre les accords de Camp David rétrocédant à l'Egypte les territoires conquis lors de la guerre de 1967 en échange de la paix. Il est le contempteur des accords d'autonomie signés à Oslo en 1992.
Mais s'il a toujours fréquenté l'extrême droite, il a épousé au début des années 70, Aliza, qui a toujours voté à gauche. D'ailleurs, ce père de quatre enfants, est le seul homme de droite dans sa famille.
"Trente-cinq ans d'un travail intensif de persuasion d'Aliza ont dû porter leurs fruits", dit-il en riant.
Sans réel charisme, mais sachant parfaitement utiliser les médias, colérique mais ayant un vrai sens de l'amitié, démesurément ambitieux mais parfois rebelle, il n'est pas jugé "sympathique" par ses concitoyens. Seulement 12 % des Israéliens aimeraient l'avoir à dîner.
Les électeurs lui reprochent d'abord de favoriser les riches (35 %) et les présomptions de corruption (15,8 %). Avocat d'affaires mais jugé affairiste par ses adversaires, il a été blanchi dans plusieurs scandales financiers.
Pourtant, ce marathonien a commencé sa carrière au Parlement comme "M. Propre", en créant notamment une commission d'enquête parlementaire sur la corruption dans le football, sport dont il est fanatique, et contre le crime organisé.
Après avoir passé une jeunesse dans la gêne, il s'est enrichi à la fin des années 70. Aujourd'hui, cet excellent pianiste aime les costumes onéreux, les avions, les cigares et la bonne chère.
Ministre sans portefeuille de 1988 à 1990, de la Santé de 1990 à 1992, il est élu maire de Jérusalem en 1993, où il restera dix ans à ce poste.
En 2003, il devient vice-Premier ministre et ministre du Commerce et de l'Industrie dans le gouvernement de Sharon.
Persuadé qu'il ne sera jamais réélu sur la liste du Likoud, il réussit à convaincre Ariel Sharon d'aller aux élections et de créer une nouvelle formation "Kadima" en novembre 2005.
"Israël est un véritable casino politique. Olmert, qui était sur le point il y a six mois de renoncer à la politique, est en passe aujourd'hui de devenir Premier ministre", constate le journaliste du Haaretz Daniel Bensimon.
Sources : AFP
Posté par Adriana Evangelizt