La Syrie dans la ligne de mire d'Israël
La chasse israélienne survole le palais d’Assad à Lattaquié, la Syrie dans la ligne de mire de l’État hébreu
La crise de Gaza menace de prendre une dimension régionale
La crise israélo-palestinienne risque bien de s’étendre au-delà des territoires autonomes. Après avoir lancé, hier à l’aube, dans la bande de Gaza, une offensive visant essentiellement les infrastructures – routes, ponts et centrale électrique –, les Israéliens ont précisé leurs menaces contre Damas en évoquant ouvertement la possibilité d’une attaque contre le chef en exil du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal. Et pour que le message soit bien reçu par les autorités syriennes, des avions israéliens ont survolé hier matin le palais présidentiel de Bachar el-Assad à Lattaquié. Israël considère le Hamas comme responsable de l’enlèvement d’un de ses soldats dimanche. Un soldat dont le Hamas a déclaré hier qu’il ne serait relâché que contre la libération de détenus palestiniens en Israël.
Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a toutefois appelé l’État hébreu à mettre fin à son offensive, « avant que la situation ne se complique ». Or, la situation s’est effectivement compliquée hier, deux groupes palestiniens annonçant l’enlèvement de deux colons, et le ministre palestinien du Travail, ayant été arrêté à un barrage israélien près de Ramallah.
Sur la scène internationale, alors que Washington soulignait le droit d’Israël à se défendre, les appels à la retenue se sont multipliés. Des appels d’autant plus pressants que le Premier ministre israélien a déclaré qu’il « était décidé à user de moyens extrêmes » pour ramener chez lui le soldat.
Sources : Lorient le jour
Olmert décidé à user de « moyens extrêmes » pour récupérer le soldat enlevé dimanche
Offensive israélienne contre Gaza, la Syrie directement menacée
Israël a lancé, hier à l’aube, une offensive dans la bande de Gaza tout en menaçant clairement la Syrie, alors que le Premier ministre Ehud Olmert affichait sa détermination à user de « moyens extrêmes » pour retrouver son soldat enlevé dimanche.
«Nous sommes décidés à user de moyens extrêmes pour ramener chez lui Gilad (Shalit – le soldat enlevé dimanche), et n’avons pas l’intention de réoccuper la bande de Gaza », a déclaré hier Ehud Olmert. Parallèlement, le ministre de la Sécurité intérieure Avi Dichter a ouvertement évoqué la possibilité d’une attaque israélienne en Syrie contre des chefs du mouvement islamiste Hamas, dont Khaled Mechaal, chef du bureau politique, tenu pour responsables de l’enlèvement. « Les menaces contre les dirigeants de la résistance ne sont pas nouvelles. Il s’agit d’une politique israélienne constante. Par conséquent, nous les prenons au sérieux. Mais ces menaces ne font peur à personne », a réagi Moussa Abou Marzouk, un membre en exil à Damas du bureau politique du Hamas.
La chaîne de télévision privée israélienne « 10 » a en outre fait état du survol par des avions israéliens du palais du président syrien Bachar el-Assad près de Lattaquieh. « Il s’agissait pour le Premier ministre Ehud Olmert de prouver que l’armée israélienne avait le bras long », a ajouté la télévision. « Cette opération a été lancée en raison du soutien et de la protection accordés par la Syrie au Hamas », a souligné une porte-parole de l’armée israélienne, précisant que le survol avait eu lieu hier à l’aube. Après cette annonce, la télévision d’État syrienne a réagi en soulignant que la défense aérienne avait « tiré » sur deux avions israéliens qui ont survolé la côte, les contraignant à quitter les lieux.
Hier, les opérations militaires étaient toutefois concentrées sur la bande de Gaza. Dans une offensive débutée avant l’aube, l’armée israélienne a bombardé des ponts, des routes et une centrale électrique dans ce territoire palestinien. Des appareils israéliens ont mené deux raids aériens contre un camp d’entraînement militaire du Hamas à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, sans faire de victime, selon une source sécuritaire et des témoins. Plus de deux régiments d’infanterie d’élite, appuyés par des blindés, des pièces d’artillerie et des hélicoptères de combat, soit quelque 5 000 hommes, sont engagés dans cette opération. Le général Yoav Galant, commandant de la région militaire sud, a indiqué que « l’objectif de l’opération est d’empêcher qu’il soit transféré d’un endroit à l’autre ».
En soirée, l’aviation israélienne a diffusé des tracts appelant les habitants palestiniens de Beit Lahiya, dans le nord de la bande de Gaza, à quitter leur domicile en prévision d’une opération dans ce secteur, a-t-on indiqué de sources militaires. Interrogé par l’AFP, un haut responsable israélien a confirmé que le ministre de la Défense Amir Peretz a « donné son feu vert à la poursuite de l’opération engagée dans la bande de Gaza ». Une unité israélienne a également opéré une incursion limitée dans le secteur de Soufa, dans le sud de la bande de Gaza.
Côté palestinien, le président palestinien Mahmoud Abbas a condamné l’offensive militaire israélienne, la qualifiant de « punition collective », alors que le Premier ministre palestinien issu du Hamas, Ismaïl Haniyeh, appelait Israël à mettre fin à son offensive armée « avant que la situation ne se complique ». Le gouvernement du Hamas a, toutefois, dit souhaiter que le soldat israélien soit échangé contre des prisonniers détenus par Israël, selon le porte-parole du ministère palestinien des Affaires étrangères. Le soldat a été enlevé dimanche par trois groupes armés palestiniens, dont la branche militaire du Hamas. La déléguée générale de la Palestine en France, Hind Khoury, a pour sa part, indiqué que le soldat israélien est « vivant » et « va bien ».
Deux colons enlevés
Compliquant encore un peu plus la situation, les Comités de résistance populaires ont menacé de tuer un colon israélien qu’ils affirment détenir en Cisjordanie si l’offensive contre Gaza ne prend pas fin. Pour étayer son propos, le porte-parole du groupe, Abou Abir, a brandi, lors d’une conférence de presse à Gaza, la photocopie d’un document d’identité israélienne avec la photo d’Eliahou Ashéri, 18 ans. Hier soir, une trentaine de jeeps de l’armée israélienne ont pénétré à el-Bireh, un faubourg de Ramallah, où les militaires israéliens ont cerné un bâtiment, selon un correspondant de l’AFP. L’opération serait liée, selon la télévision publique israélienne, à l’affaire du colon israélien disparu.
En début de soirée, les Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, un groupe armé lié au parti Fateh, ont en outre revendiqué dans un appel téléphonique à l’AFP l’enlèvement d’un autre Israélien, près de Tel-Aviv. « Nous avons enlevé lundi un colon âgé de 62 ans à Rishon Letzion », a affirmé un porte-parole du groupe, Abou Fouad. Le ministre de la Justice israélien Haïm Ramon a toutefois affirmé que le gouvernement ne disposait d’« aucune information » sur cette affaire. Cet enlèvement, s’il est confirmé, porterait donc à trois le nombre d’Israéliens enlevés depuis dimanche par des groupes palestiniens.
Cette escalade intervient alors que le Hamas a fait un pas important vers la reconnaissance implicite d’Israël en signant un document d’entente nationale agréé par les mouvements palestiniens. Moussa Abou Marzouk a toutefois souligné que la signature de ce document ne signifie pas que le Hamas reconnaît Israël.
Sources : Lorient le jour
Posté par Adriana Evangelizt