Moscou veut jouer sa carte dans le conflit

Publié le par Adriana Evangelizt

Moscou veut jouer sa carte dans le conflit

La Russie, qui a présenté jeudi un projet de résolution séparé sur le Liban au Conseil de sécurité de l’ONU (en vue d’une trêve humanitaire de 72 heures), est bien décidée à jouer sa carte au Moyen-Orient face aux États-Unis, même si son influence reste relative. Ainsi, Moscou, qui avait déjà tenté de jouer un rôle de médiateur sur le nucléaire iranien ou alors en recevant le parti intégriste Hamas juste après sa victoire aux élections législatives palestiniennes, s’efforce désormais de prendre l’initiative pour faire taire les armes entre Israël et le Hezbollah.


« La Russie veut montrer, notamment au monde arabe et musulman, qu’elle a une position indépendante des États-Unis ; qu’elle peut présenter ses propres propositions », estime Alexeï Malachenko, analyste au Centre Carnegie à Moscou, interrogé par l’AFP. « Forte de ses réserves de pétrole, elle se sent plus puissante et veut revenir sur le devant de la scène politique mondiale », renchérit Fédor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale.


Avant de présenter sa propre résolution, Moscou a pris soin d’apparaître comme un partenaire constructif au Conseil de sécurité. La diplomatie russe a d’abord soutenu le projet franco-américain – qui prévoit une cessation des hostilités – avant d’évoluer progressivement devant les réticences libanaises.


Mardi, la diplomatie russe avait ainsi suggéré pour la première fois l’idée d’une résolution alternative, qui n’a alors guère eu d’échos, puis a attendu deux jours avant de passer à l’offensive jeudi en faisant circuler un projet de résolution demandant un cessez-le-feu de 72 heures. Cette initiative a été fraîchement accueillie par Washington, qui lui reproche de « détourner l’attention » du projet franco-américain, comme par Israël, pour qui un tel cessez-le-feu « permettrait au Hezbollah de reprendre ses forces et de se réorganiser ».

Mardi, la diplomatie russe avait ainsi suggéré pour la première fois l’idée d’une résolution alternative, qui n’a alors guère eu d’échos, puis a attendu deux jours avant de passer à l’offensive jeudi en faisant circuler un projet de résolution demandant un cessez-le-feu de 72 heures. Cette initiative a été , pour qui un tel cessez-le-feu « permettrait au Hezbollah de reprendre ses forces et de se réorganiser ».


Selon plusieurs experts interrogés, Moscou essaie en tout cas, ainsi, de marquer des points en termes d’image. « C’est une opération de relations publiques », avance Alexeï Malachenko. « Une sorte d’action populiste pour se faire acclamer sur la scène internationale », souligne pour sa part Pavel Felgenhauer, expert russe indépendant pour les questions de défense.
Le Kremlin ne manque pas non plus une occasion de s’affirmer face à la Maison-Blanche, avec laquelle ses relations sont de plus en plus tendues, depuis que Washington critique le déficit de démocratie en Russie ou décrète des sanctions contre des firmes russes pour livraison d’armes à l’Iran.
Rappelons que l’URSS a joui aussi d’une forte influence au Moyen-Orient, que la Russie postsoviétique essaie de regagner, même si ce discours proarabe ou promusulman vise peut-être avant tout à « apaiser les esprits dans le Caucase russe ».
Moscou défend aussi plus « cyniquement des intérêts commerciaux », qu’il s’agisse de la construction de centrales nucléaires en Iran ou de la vente d’armes à Téhéran et Damas, relève Fedor Loukianov.


Reste à savoir si la Russie dispose d’une réelle marge de manœuvre au Moyen-Orient par rapport aux États-Unis et à la France, qui lui dispute le rôle d’amie du monde arabe. Pour l’ambassadeur iranien à Moscou, Gholamreza Ansari, la réponse est oui. « Les tendances antiaméricaines et anti-israéliennes deviennent de plus en plus fortes au Proche-Orient et dans le monde musulman (...) Cela stimule le développement de relations plus étroites avec la Russie », a-t-il affirmé vendredi dans le quotidien Nezavissimaïa Gazeta. Mais d’autres se montrent plus sceptiques. « La Russie n’a pas de leviers pour influencer le Hamas ou le Hezbollah. En Iran, son influence n’est pas aussi grande qu’il y a quelques années, même si elle en a plus qu’au Proche-Orient », estime Fedor Loukianov.
Mais malgré les appels de Moscou, Téhéran reste intransigeant sur son programme nucléaire. « La Russie a échoué à s’imposer comme un médiateur. Le Hamas et l’Iran ne prennent pas sérieusement en considération ses positions », estime Alexeï Malachenko.

Sources : LORIENT LE JOUR

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans ISRAEL LIBAN

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