Pourquoi les haïssons-nous ?

Publié le par Adriana Evangelizt

Pourquoi les haïssons-nous ?

par Gilad ATZMON

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Traduit par Traduit par Fausto Giudice

Quand je suis arrivé en Grande-Bretagne il y a environ treize ans, j'ai trouvé un endroit très tolérant. J'étais stupéfait de voir tant de personnes de tant de couleurs, vivre non seulement en paix les uns avec les autres, mais en pleine harmonie. À l'université d'Essex, l'institut où je faisais mes études supérieures, tout un chacun était enthousiaste au sujet du post-colonialisme. Le Britanniques, ainsi me semblait-il alors, se repentaient de leur embarrassant passé colonial. J'étais moyennement impressionné mais pas totalement convaincu. En fin de compte, il n’est pas difficle de dénoncer les crimes de votre grand-père.

J'étais stupéfait de voir des Turcs et des Chypriotes tenant des épiceries côte à côte sur Green Lane. Mon premier compagnon de chambre était un étudiant en maîtrise palestinien de Beit Sahour, et tout cela paraissait parfaitement normal. Ça n’a pas pris longtemps pour que je tombe amoureux de la ville et décide d’en faire mon lieu de résidence permanent.

À cette époque, la Grande-Bretagne était très différente de l'endroit d’où je venais. Dans mon pays natal, le paysage humain était officiellement réduit à deux types. Dans une sorte d’opposition binaire brute, il y avait toujours une division entre le « Bon » et le « Méchant », « eux » et « nous », « l’Orient » et « l’Occident « ou tout simplement « les Juifs » et « les Arabes ». Là d’où je venais, la paix ne se profilait même pas dans le lointain horizon. Mais dans le Londres des années 90, il n'y avait une telle dichotomie. Il est douloureux de constater que cela a changé. Jour après jour, nos médias ressassent cette question idiote : « Pourquoi nous haïssent-ils tant ? » Il est clair désormais que l’opposition binaire entre « eux » et »nous » fait aussi partie intégrante du discours britannique.

Quand je suis venu ici au début des années 90, la politique britannique était très ennuyeuse. John Major était au pouvoir. Mais bientôt un jeune politicien dynamique et visonnaire allait le remplacer. Ce politicien est l’ homme qui est parvenu en juste dix ans à démolir une des sociétés les plus harmonieuses d’Occident. Tony Blair, la grande nouvelle promesse du Labour, a gouverné le pays pendant une décennie ; il est parvenu à traîner ce pays dans chaque conflit possible, et à escalader les conflits mineur s à un niveau de crise. Il est parvenu à mentir de manière répétée à son peuple, à son parlement et à son cabinet, il a lancé une guerre illégale qui a coûté plus de 700.000 vies de civils innocents. Il n’a de toute évidence pas pensé à l'impact que ces guerres pourraient avoir sur sa société multiethnique.

Blair a, grâce à Dieu, quitté son bureau de Premier ministre, laissant le pays au bord de l'effondrement moral. Son système de droits civiques est gravement menacé. Les politiciens de tous les partis réclament des lois plus dures de détention. La possibilité de déportation de masse de nouveaux immigrés n’est plus un lointain cauchemar. Mais le plus inquiétant, c’est le rôle joué par les médias « libres » de ce pays. Les principaux jounaux et télés succombent tout à fait volontairement à la ligne officielle du gouvernement. C’est quelque chose qui me rappelle trop les médias embarqués dans ma patrie condamnée, là d’où je suis venu il y a treize ans.

Je me retrouve à m’interroger pour savoir comment les médias osent demander : »Pourquoi nous haïssent-ils ? » Ne connaissent-ils pas la réponse ? Ne connaissons-nous pas la réponse ? Ne sommes-nous pas ceux qui ont détruit l’Irak? N’est-ce pas notre P.M., Tony Blair, qui a donné le feu vert aux Israéliens pour qu’ils écrasent le Liban ? N’est-ce pas le gouvernement de Blair.s qui a démis le gouvernement démocratiquement élu du Hamas en Palestine ? N’est-ce pas Blair qui a permis aux Israéliens d’affamer Gaza ?

Pour ceux qui ne l’ont pas encore compris, tuer est plutôt simple, transformer des villes en amas de ruines n’est pas non plus très compliqué. Mais élever un enfant peut prendre quelques années, construire une ville quelques centaines d’années et établir l'harmonie entre des êtrs humains des milliers d’années. Nous devrions cesser de mentir aux autres et à nous-mêmes. Nous savons parfaitement bien pourquoi ils nous détestent, ils ont quelques bonnes raisons pour cela, les choses étant momentanément ce qu’elles sont, c’est nous qui les massacrons en masse ? C’est nous qui démolissons leurs vlles e tuons leurs gosses.

Alors, plutôt que de poser la question pathétique, « Pourquoi nous haïssent-ils ? » , sortons un peu de notre autosatisfaction pour nous demander plutôt : « Pourquoi les haïssons-nous tant ? » et, plus généralement, « Pourquoi haïssons-nous ? »

Pour apporter la paix à Londres, à Glasgow, à la Grande-Bretagne et à l’Occident, il nous faut regarder dans le miroir, pour examiner nos méfaits graves et dévastateurs, pour réparer les dommages faits par Blair, Bush et compagnie, pour revoir le rêve de la société occidentale oecuménique. C'est possible. Nous en sommes capables. Nous en étions capables il n’y a pas si longtemps que cela. Je m’en souviens très bien, c’était il y a à peine treize ans. Je l'ai senti quand j'ai débarqué en Grande-Bretagne.

Source :
amin.org , 3 juillet 2007


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Traduit de l'anglais par Fausto Giudice, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner sources et auteurs.


Sources
Tlaxcala

Posté par Adriana Evangelizt

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