Drame de Gaza l'embarras d'Israël

Drame de la plage de Gaza : Israël de plus en plus embarrassé

L’armée israélienne a admis hier la possibilité qu’un type de munition non explosé qu’elle utilisait dans le passé pourrait être la cause du drame de la plage de Gaza au lendemain de déclarations officielles dégageant la responsabilité d’Israël dans ce drame.

Huit civils palestiniens, dont cinq membres d’une même famille, ont péri vendredi sur une plage de Gaza dans un bombardement imputé à Israël qui a suscité une vive émotion et une large condamnation dans le monde.

Mardi, le ministre israélien de la Défense, Amir Peretz, et le chef d’état-major, Dan Haloutz, avaient annoncé que les résultats de l’enquête sur ce drame avaient blanchi l’armée. Le général Meir Klifi, en charge de cette enquête, a toutefois déclaré hier que la commission d’enquête « n’avait pas achevé ses travaux » et examinait la possibilité que les Palestiniens aient été tués par un engin non explosé utilisé dans le passé par l’armée, en poursuivant l’analyse d’un éclat retiré sur l’un des blessés évacués en Israël.

« Cet éclat n’est pas celui d’un obus d’artillerie de 155 mm (...) Les (victimes) n’ont pas été atteintes par les munitions (des obus de 155 mm) tirées ce jour-là, il n’y a aucun doute sur ce point », a-t-il affirmé à la radio. « Il pourrait s’agir de munitions d’un autre genre que nous utilisions dans le passé (...) ou d’un engin non israélien », a-t-il poursuivi, étayant l’hypothèse d’une mine placée par les Palestiniens sur la plage pour gêner d’éventuels débarquements de commandos de marine israéliens, véhiculée par les médias israéliens.

Mais Marc Garlasco, un analyste militaire de l’ONG basée à New York Human Rights Watch, a mis en doute la version de l’armée et affirmé à Gaza que l’explosion avait été « très probablement » provoquée par un bus israélien. « Je soutiens que le scénario le plus probable est que des tirs d’obus israéliens ont frappé la zone », a déclaré M. Garlasco, se basant sur une enquête sur le lieu de l’explosion, des interviews, des examens des blessés et des éclats d’obus. « Un large éclat d’obus sur lequel figurait la mention calibre 155 mm a été retrouvé sur le site de l’explosion », affirment les enquêteurs de HRW. « Certains ont suggéré que la famille avait été tuée par une mine, ce n’est manifestement pas le cas. Les blessures des gens à l’hôpital étaient sur le torse et la tête et une mine ne pourrait pas avoir causé cela », a-t-il dit.

Le mouvement islamiste Hamas avait aussi démenti l’hypothèse de la mine placée par ses combattants sur la plage.

Le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a également jugé « plutôt bizarre la présence d’une mine sur une plage ».

Saëb Erakat, principal négociateur palestinien, a, pour sa part, appelé « M. Annan et la communauté internationale à mettre sur pied une commission d’enquête internationale sur le crime de la plage de Gaza ». Sur ce point, le secrétaire général de l’ONU a dit la nécessité d’obtenir « l’accord des Israéliens et des autorités palestiniennes pour coopérer à une telle enquête ». Le général Klifi n’a pas rejeté l’éventualité qu’Israël fournisse les conclusions de son enquête à un « facteur international ». « La question sera examinée par qui de droit quand elle nous sera adressée et une décision sera prise. Toute autre commission d’enquête qui posséderait les données que nous détenons parviendrait certainement aux mêmes conclusions que les nôtres. Les faits sont clairs », a soutenu le général Klifi.

« Nous n’excluons rien et agirons dans le sens de la coopération si une demande de mise en place d’une commission d’enquête nous était adressée par l’ONU », a, de son côté, déclaré à l’AFP Ygal Palmor, un haut responsable du ministère israélien des Affaires étrangères. « Israël n’a rien à cacher, bien au contraire », a-t-il ajouté.

Sources : Lorient le jour

Posté par Adriana Evangelizt