Israéliens et Palestiniens: une nouvelle chance après 60 ans

Publié le par Adriana Evangelizt

Et en plus, les Américains ont choisi comme date de la conférence à Annapolis le 60e anniversaire de l'adoption de la résolution sur le partage de la Palestine par l'ONU. Il nous étonnerait fort que ce soit une coïncidence...

Israéliens et Palestiniens: une nouvelle chance après 60 ans

Par Maria Appakova

RIA Novosti

En prévoyant une rencontre internationale portant sur le règlement du conflit palestino-israélien à Annapolis (Etats-Unis) la dernière semaine de novembre, l'administration américaine ne pensait probablement pas qu'elle coïnciderait avec le 60e anniversaire de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations Unies de la résolution sur le partage en deux Etats (arabe et juif) de la Palestine, territoire sous mandat britannique. Ces coïncidences sont rares dans l'histoire. Cependant, des parallèles s'imposent, d'autant que la situation actuelle au Proche-Orient est directement liée aux événements qui ont eu lieu il y a 60 ans.

La résolution 181 (II) de l'Assemblée générale des Nations Unies sur le partage de la Palestine fut adoptée le 29 novembre 1947: elle fut votée par 33 voix contre 13 avec 10 abstentions.

Conformément à cette résolution, le territoire de la Palestine fut divisé en huit parties, dont trois devaient devenir des divisions juives et trois autres des divisions arabes. La septième, la ville de Jaffa, devait devenir une enclave arabe sur le territoire juif. Jérusalem, huitième partie, devait être un "corpus separatum", entité jouissant d'un régime international spécial. Cette ville devait se trouver sous administration du Conseil de tutelle de l'ONU pendant 10 ans.

Les Etats arabes déclarèrent qu'ils ne considéraient pas la résolution de l'Assemblée générale comme obligatoire, c'était leur droit et leur choix. La population juive de la Palestine, au contraire, salua la résolution de l'ONU et l'indépendance de l'Etat d'Israël fut proclamée le 14 mai 1948. Le monde arabe déclara la guerre aux Israéliens, mais les actions militaires entre Arabes et Juifs avaient commencé bien avant la création d'Israël: la résolution de l'ONU avait rendu la situation en Palestine explosive, la paix au Proche-Orient tomba alors dans l'oubli pour longtemps.

Cependant, 60 ans plus tard, après avoir connu de nombreuses guerres, les habitants juifs et arabes de l'ancien territoire sous mandat britannique ainsi que l'ensemble de la communauté internationale sont revenus au point d'où était parti le conflit au Proche-Orient: le partage est nécessaire. Mais la résolution du problème de la coexistence pacifique des deux Etats sur un même territoire n'est pas devenue plus simple qu'en 1947.

Il est vrai cependant que la situation a changé, semble-t-il, de façon fondamentale. A présent, les pays arabes misent sur l'ONU et exigent l'application de toutes les résolutions adoptées par cette organisation concernant la situation dans la zone du conflit arabo-israélien. Ils sont prêts à reconnaître le droit d'Israël à l'existence, ce qui était tout à fait inconcevable il y a 60 ans. Il est temps d'établir la paix, semble-t-il. Mais ce n'est qu'une illusion.

De nombreux nouveaux problèmes qui n'avaient pas été prévus en 1947, ont surgi depuis l'adoption de la résolution 181 (II). Il s'agit avant tout des réfugiés palestiniens et du tracé de la frontière entre les deux Etats. En effet, le territoire prévu par l'ONU pour Israël s'est élargi à la suite de nombreuses guerres. Jérusalem a été intégré dans l'Etat hébreu et en a été proclamé la capitale.

Le plan de partage de 1947 n'était pas idéal mais plutôt idéaliste, sa mise en application n'était possible qu'à condition que les populations des deux futurs Etats s'accordent une confiance mutuelle. Le plan actuel est plus simple du point de vue géographique, si l'on fait abstraction du sort de Jérusalem et de la question de savoir où et comment peuvent revenir les réfugiés palestiniens. Mais il est presque impossible d'éluder ces problèmes. D'ailleurs, le problème de la confiance est toujours vital, car les deux Etats sont pratiquement indivisibles, ils sont économiquement liés. Ce n'est pas par hasard si les accords de paix fondamentaux conclus entre les Israéliens et les Palestiniens dans les années 1990 comportent des articles sur l'établissement "des mesures de confiance mutuelle" et sur la coopération dans divers domaines, de la sécurité à l'approvisionnement en eau. Rappelons qu'aucun de ces accords n'a été entièrement mis en oeuvre et que le processus de paix dans son ensemble a été paralysé par l'Intifada palestinienne lancée en 2000.

En prévoyant la rencontre d'Annapolis, les Etats-Unis supposaient qu'elle donnerait le départ à de nouvelles négociations entre les Israéliens et les Palestiniens et que l'Etat palestinien apparaîtrait sur la carte, en plus de l'Etat d'Israël, avant l'expiration du mandat présidentiel de George W. Bush (c'est-à-dire vers 2009). Mais personne ne peut être certain du succès de ces négociations. Le fait est qu'aucune des parties n'a l'intention de céder sur ce à quoi elle tient.

Ce n'est pas un hasard si la question de la reconnaissance d'Israël en tant qu'Etat juif est apparue avant la rencontre d'Annapolis. De l'avis du premier ministre israélien Ehud Olmert, qui est par ailleurs soutenu par la majorité des Israéliens, le point principal des futures négociations avec les Palestiniens doit être la reconnaissance par ceux-ci d'Israël en tant qu'Etat juif. Mais la partie palestinienne n'est pas prête à le faire. Les Palestiniens soulignent qu'ils ont déjà reconnu le droit d'Israël à l'existence et qu'aucun document international n'exige qu'ils fassent plus.

Tous les documents constitutifs israéliens désignent Israël comme un Etat juif et il convient de souligner que c'était prévu par la résolution sur le partage de la Palestine. En quoi consiste le problème? Pourquoi les Israéliens insistent-ils sur la reconnaissance de ce fait par les Palestiniens et pourquoi ceux-ci s'y opposent?

Selon une opinion répandue parmi les Palestiniens, s'ils acceptent l'exigence d'Israël, cela les privera totalement de la possibilité d'obtenir la reconnaissance du droit des réfugiés à revenir, ou même à une compensation. Puisque Israël est un Etat juif, à quelles requêtes les réfugiés peuvent-ils prétendre?

Des discussions à ce sujet ont souvent lieu dans le cadre du règlement du conflit au Proche-Orient. On peut sans cesse évoquer le passé. Mais on peut aussi essayer de corriger les erreurs commises antérieurement pour ne pas revenir de nouveau au point de départ, ce qui entraînerait de nouvelles victimes. L'histoire donne une nouvelle chance aux Israéliens et aux Palestiniens. La saisiront-ils?

Sources Ria Novosti

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans ONU ISRAEL

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