Marwan Barghouti un espir

Publié le par Adriana Evangelizt

MARWAN BARGHOUTI UN ESPOIR

par Jacques Decourt

 

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Marwan Barghouti, chef politique du Fatah en Cisjordanie est parmi les plus populaires des militants, le symbole de la deuxième Intifada. Il sera arrêté par les forces israéliennes et incarcéré dans des conditions jugées inhumaines au printemps 2002. M. Barghouti était sur la liste des personnes recherchées par Israël, qui l'accuse d'être le commanditaire d'attaques terroristes. Un communiqué rendu public le 1er avril, qui avait été impossible à authentifier, le présentait comme le chef direct des Brigades Al-Aqsa. Dès octobre 2001, les autorités israéliennes, qui suspectaient Marwan Barghouti d'être en contact étroit avec les Brigades, avaient lancé un mandat d'arrêt contre lui. La même année, il déjoue une tentative d'assassinat préparé par l'armée israélienne.


Arrestation de Barghouti


Le gouvernement israélien est unanime à se féliciter de l'arrestation de Marwan Barghouti. Pour certains proches de Sharon, c'est "un beau cadeau pour fêter le Jour de l'Indépendance"[...] C'est un coup fatal porté au terrorisme et au moral palestinien". Par ses éventuelles déclarations aux services de sécurité israéliens, M. Barghouti est "le seul à pouvoir incriminer Arafat", à pouvoir dire "quelles instructions il a reçu de lui". Pour les autorités israéliennes, il doit être traduit devant un tribunal israélien pour le meurtre de centaines d'Israéliens, des bébés, des enfants, des femmes. Sa capture est considérée en Israël sans doute comme l’un des faits les plus importants de l’opération “ Rempart”. Interrogé sur les raisons pour lesquelles M. Barghouti n'avait pas été "liquidé", M. Sharon a affirmé qu’Israël "est un Etat de droit et démocratique, qui ne réagit pas ainsi lorsque quelqu'un se rend". Il sera "traité selon la loi" et "devra prouver son innocence", a déclaré de son côté le ministre des Affaires étrangères, Shimon Peres. On peut se demander en prenant connaissance de cette affirmation si toutes les exécutions extrajudiciaires avaient une valeur légale ni même morale. La justice israélienne prouve tout à coup que lorsqu’elle décide d’arrêter quelqu’un plutôt que de l’éliminer, elle s’en sort bien


Alors qu’il est emprisonné dans des conditions que l’on imagine, il serait passé aux aveux selon le Sin-Beth, il aurait reconnu avoir dirigé des attaques terroristes et impliqué Arafat dans ces opérations. Jusqu’à présent la stratégie de Barghouti était de tout nier, mais si des aveux avaient été obtenus, ils auraient du être transmis à son avocat. Celui-ci n’a pu s’entretenir qu’une seule fois avec lui quatre jours après son arrestation. Son défenseur le décrit : ”fatigué par 24 heures d’affilé d’interrogations. Il n’a pas été battu mais systématiquement privé de sommeil.” Le droit international et israélien attend un procès. Or celui-ci n’aurait peut-être pas lieu. Si son interrogatoire se termine sans succès, c’est un fiasco. S’il y a procès accompagné d’un grand battage médiatique, cela risque de servir davantage les intérêts palestiniens que ceux d’Israël. Il aura bien lieu en septembre 2002 et il sera pour Barghouti une tribune, ce qui gênera sérieusement les autorités. Publiques, les audiences donneront un spectacle impensable dans un pays démocratique : les défenseurs ont été physiquement agressés par une foule en délire, à tel point qu’ils refuseront de poursuivre. L’un d’eux, juif orthodoxe, sera particulièrement insulté et qualifié de “traître”.


Comme dans tout procès politique, l'accusé se sert de la tribune qui lui est offerte pour plaider la cause. Barghouti refuse de reconnaître la légitimité du tribunal israélien et logiquement refuse de se défendre. Barghouti dit soutenir les attaques armées contre l'occupation israélienne mais ne peut cautionner les attaques contre des civils sur le territoire d'Israël. Il est condamné le 20 mai 2004 pour cinq meurtres par l'intermédiaire d'un groupe armé dont celui d'un moine orthodoxe grec ayant eu lieu lors de trois attentats. Il affirme de son côté être innocent des chefs d'accusation portés contre lui. Le 6 juin, Barghouti est condamné à cinq peines de réclusion à perpétuité pour les cinq meurtres et 40 ans d'emprisonnement pour tentative de meurtre.


Un fedayin


Barghouti rentre au Fatah à l'âge de quinze ans, il est emprisonné par l'État d'Israël en 1976, à l'âge de dix-huit ans pour participation à une révolte palestinienne. A sa sortie, il rentre en Cisjordanie et suit des études à l'Université de Bir-Zeit. Il y devient représentant des étudiants auprès du conseil de l'Université. Il obtient aussi une maîtrise en histoire, une autre en sciences politiques ainsi qu'un diplôme de troisième cycle en relations internationales. Il est arrêté dès 1987 par l'armée israélienne et expulsé vers la Jordanie et ne peut revenir d'exil qu'après la signature des accords d'Oslo en 1994. Talentueux orateur et ayant fait ses preuves au combat, Barghouti grimpe dans l'appareil politique du Fatah et en devient secrétaire général pour la Cisjordanie. Dès la seconde Intifada Barghouti, chef du Tanzim-Fatah, la branche armée du Fatah, est devenu indispensable par sa capacité d'organisation.

Membre du Conseil législatif palestinien, avait été l'un des plus chauds partisans des accords israélo-palestiniens d'Oslo. Sa déception quant à leur échec “qu'il impute à Israël” a été à la mesure de cet enthousiasme. Dans un article publié par le Washington Post, il écrivait : "Si Israël se réserve le droit de nous bombarder par des F-16 et hélicoptères, il ne devrait pas être surpris que les Palestiniens cherchent à se procurer des armes défensives pour abattre ces avions. Et alors que moi-même et le  Fatah (...) nous nous opposons fermement aux attaques contre les civils à l'intérieur d'Israël (...) je me réserve le droit de me protéger, de résister à l'occupation de mon pays. En 1994, lorsque j'ai cru qu'Israël était sérieux à propos de la fin de l'occupation, j'ai été un avocat infatigable de la paix [...] “Les Palestiniens n'accepteront aucun compromis qui ne mette pas un terme à l'occupation” affirmait Barghouti dès les premières volées de pierres, à la fin septembre 2000. Menant chacune des manifestations dans la région de Ramallah, défilant toujours en tête de cortège, prompt à éclaircir pour la presse la stratégie apparemment confuse de la résistance palestinienne. Mais, à cause de ce rôle clé, Marwan Barghouti a toujours pris grand soin de ne pouvoir être confondu avec un dirigeant de la branche armée du Fatah quand celle-ci revendique désormais des attentats terroristes en Israël. Lors de la création de l'Autorité palestinienne, Barghouti refuse d'intégrer l'administration et se consacre à la construction du Fatah, quitte à dénoncer la corruption de certains proches de Yasser Arafat. Cela lui vaut une immense popularité et l'oreille attentive des groupes combattants qui ne discutent pas son intégrité lorsqu'il plaide en faveur d'une trêve. Car il reste partisan d'une solution politique.

Pourquoi ce long post ? Je pense et déjà écris que Marwan Barghouti offre une vraie alternative à la présence du Hamas dans le gouvernement en Palestine occupée et devrait jouer un grand rôle au sein de l’autorité palestinienne. Or selon la radio de Tsahal, un échange avec un citoyen américain qui purge une peine de prison à perpet pour espionnage en faveur d’Israël du nom de Pollard, (qui refuserait cet échange d’otage) aurait été pris en les deux parties en présence.


Une façon élégante de sortir ce terroriste de Barghouti qui rendrait plus service à la paix en liberté qu’en cabane.


Publié dans HISTOIRE-FALSIFICATION

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