FINUL : La France piégée au Liban ?

Publié le par Adriana Evangelizt

Après avoir lu l'article, écoutez l'interview du Général Jean Salvan sur RFI qui s'inquiète que le Liban constitue un véritable guêpier pour les pays participant à cette force d'interposition, et pour la France en particulier.

FINUL: La France piégée au Liban ?
par Gilles Munier
 
 

La FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban) a été créée par le Conseil de sécurité en 1978 « pour confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, rétablir la paix et la sécurité internationales et aider le Gouvernement libanais à assurer le rétablissement de son autorité effective dans la région ». Elle n’a pu remplir sa mission pour la simple et bonne raison qu’Israël ne respecte aucune résolution des Nations unies : elle a donc assisté, impuissante, à deux invasions du Liban en 1982 et 2006, à l’occupation prolongée d’une partie du pays, à la création de camps de concentration. La FINUL a signalé à l’ONU, scrupuleusement, les infractions commises par les Israéliens : opérations de commandos, violations de l’espace aérien et bombardements meurtriers de civils, sans autre résultat qu’être accusée par Israël de « complicité avec le Hezbollah »…

« Erreurs de tirs » et objectifs visés « apparemment délibérément »

Entre 1978 et 2000, le Liban étant occupé, la FINUL s’est retrouvée derrière les lignes israéliennes, transformée en une sorte d’organisation humanitaire ! Qui sait que l’ONU a perdu au Liban 258 soldats victimes pour la plupart d’« erreurs de tirs » de « Tsahal » ou de snippers de l’Armée du Liban-Sud, une milice contrôlée par les renseignements militaires israéliens ? Qui se souvient du bombardement par Israël du camp de la FINUL à Qana le 18 avril 1996, et de la mort de 102 civils qui s’y étaient réfugiés ? L’ordre de tirer avait été donné par Shimon Perez… prix Nobel de la Paix en 1994 !

Avant d’engager de nouvelles troupes au Liban, Jacques Chirac se devait de réclamer les résultats de l’enquête demandée par Michèle Alliot-Marie après la mort du Commandant Jean-Louis Valet, le 9 janvier 2005 près de la frontière libano-israélienne. La FINUL avait conclu à « un acte délibéré » de l’armée israélienne… Une fin de non recevoir aurait été inacceptable, d’autant que le 25 juillet dernier, « Tsahal » a encore tué quatre casques bleus 1. Selon Kofi Annan, l’armée israélienne a visé leur position « apparemment délibérément ». L’affaire a évidement été classée, comme a été passé sous silence le contrôle humiliant par la marine de guerre israélienne des bâtiments français quittant Beyrouth avec des réfugiés, ou transportant vers le Liban les hommes et le matériel nécessaires à la FINUL. Cela ne présage rien de bon pour la suite des relations
entre les casques bleus français et l’Etat hébreu.

La France dans un « guêpier »

Que cachait l’insistance de George W. Bush demandant à la France de participer à la FINUL renforcée?
Le général Jean Salvan, ancien commandant de cette force, a raison d’avoir « des doutes extrêmement sérieux sur l'efficacité » du nouveau déploiement onusien. Il faudrait l’écouter. Il craint que la France s’engage dans un « guêpier » 2, qu’on laisse « passer les Israéliens » et demande de « taper sur les chiites du Hezbollah » 3. En d’autres termes, la FINUL devrait plutôt protéger le Liban des Israéliens !

Après la chute de Bagdad, Jacques Chirac a compromis la France dans le plan américano-israélien de remodelage du Proche-Orient et tablé sur le succès de ce bouleversement. Avec l’appui de son ami Rafic Hariri, ancien Premier ministre libanais, il pensait renverser facilement le régime à Damas et créer un Liban nouveau. Depuis
l’assassinat inexpliqué de ce dernier, les seules assurances qui lui restent d’une certaine influence française sur ces pays sont celles des néo conservateurs américains et d’Ehud Olmert. C’est peu. Le Président français sait que ce genre de promesses n’engage que ceux qui y croient ! Pour éviter la mort de soldats français et un désastre diplomatique, Jacques Chirac doit renouer avec la politique arabe de la France et – pourquoi pas – décréter un embargo sur les armes à destination d’Israël, comme l’a fait le Général de Gaulle en 1967.

Les troupes françaises seront bien accueillies au sud du Liban tant qu’elles respecteront la résistance. Dans le cas contraire, la France s’enfoncera dans un bourbier au regard duquel celui où pataugent les Américains en Irak semblera être une partie de plaisir.

Libre opinion parue dans « 7 Jours » (hebdo - Rennes) et sur Internet : http://www.stopusa.be/scripts/texte.php?section=BR&langue=1&id=24899

 



1 L'ONU étaye ses soupçons contre Israël après les tirs contre la FINUL (Le Monde, 28/8/06)


2 Le général Salvan a «des doutes » sur l'efficacité de la FINUL au Liban (Associated Press, 25/8/06)


3 Interview du général Salvan (RFI, 25/8/06).


 

Sources : Blog Gilles Munier

 

Publié dans LA FRANCE COMPLICE

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article